Page:James - Le Tour d’écrou (trad. Le Corbeiller), 1968.djvu/81

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pas m’engager pour le moment, — et je revins au premier exemple cité par elle, celui auquel elle venait de faire allusion : la possibilité, rassurante chez notre garçon, de commettre une faute à l’occasion. — Si Quint, — je pense à la remontrance que vous fîtes au moment dont vous parliez, — si Quint était un vulgaire mercenaire, je devine que l’une des choses que Miles vous répondit fut que vous en étiez une autre. »

Là encore, son acquiescement fut tel que je continuai :

« Vous lui avez pardonné cela ?

— Ne l’auriez-vous pas fait ?

— Oh si ! » et, dans la paix nocturne, quelque étrange que put paraître une telle hilarité, nous ne pûmes nous empêcher de rire. Puis je continuai :

« En tout cas, pendant qu’il était avec l’homme…

— Miss Flora était avec la femme et ça leur convenait à tous. »

Et, à moi aussi, cela n’allait que trop bien : j’entends que cela me semblait aller trop bien avec le soupçon mortel que je travaillais justement à étouffer. Mais je réussis à brider l’expression de ma pensée si bien que, pour l’instant, je ne donnerai point d’autre éclaircissement que ma dernière phrase à Mrs. Grose : « Je vous avoue que ce que vous me dites de son mensonge et de son insolence me semblent des symptômes moins encourageants que je n’espérais de la révélation en lui de la nature humaine. Tout de même, fis-je, rêveuse, j’en tiendrai compte, car, plus que jamais, je sens qu’il faut veiller. »

L’instant d’après, je me surpris à rougir en voyant, à l’expression du visage de mon amie, combien elle lui avait plus complètement pardonné que son anecdote ne portait ma propre tendresse à le faire. Elle marqua plus particulièrement ce sentiment, quand, à la porte de la salle d’études, elle me quitta.

« Sûrement, vous ne l’accusez pas…