Page:James - Le Tour d’écrou (trad. Le Corbeiller), 1968.djvu/80

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Elle rougissait visiblement, voyant où je voulais en venir.

« Enfin jamais il ne montra qu’il savait quelque chose à ce sujet. Il nia, répéta-t-elle, il nia. »

Seigneur, comme je la pressais maintenant !

« Ainsi vous vous rendiez compte qu’il savait ce qui se passait entre ces deux misérables ?

— Je ne sais pas, je ne sais pas, gémit la pauvre femme.

— Si, vous savez, ma pauvre amie, répliquai-je, seulement vous n’avez pas ma terrible audace d’imagination et vous cachez — par timidité, par pudeur et par délicatesse — jusqu’à cette impression qui, dans le passé, quand, toute seule, vous soupçonniez et tâtonniez en silence, vous rendait plus malheureuse que tout le reste ! Mais je finirai bien par vous l’arracher. Il avait donc quelque chose, le petit, continuai-je, qui vous faisait croire qu’il couvrait et dissimulait leurs relations ?

— Oh ! il ne pouvait pas empêcher…

— Que vous n’appreniez la vérité ? Je le pense bien. Mais, grand Dieu ! — et ma pensée m’emportait, — comme cela montre ce qu’ils avaient pu arriver à faire de lui !

— Ah ! rien qui ne soit redevenu bien aujourd’hui ! plaida lugubrement Mrs. Grose.

— Je ne m’étonne plus de votre air étrange, continuai-je, lorsque je vous parlai de la lettre envoyée par le collège !

— Je me demande si j’avais l’air aussi étrange que vous, rétorqua-t-elle avec une énergie familière. Et s’il était alors aussi mauvais que vous voulez bien le dire, comment se fait-il qu’il soit maintenant un ange ?

— C’est vrai — s’il était un misérable à l’école… — Comment, comment cela se peut-il ? Eh bien ! lui dis-je éperdue, il faudra me le redemander, bien qu’il faille laisser passer quelque temps avant que je puisse vous répondre. Mais redemandez-le-moi — criai-je, de telle façon qu’elle me regarda, stupéfaite, il y a des directions où je ne veux