Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/159

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naître scientifiquement les conditions de la production sous ses divers aspects et rapports, il est non moins utile d’organiser les Unions de métiers[1].

Le Congrès recommande à toutes les sections l’organisation par corps de métier et par fédérations régionales et internationales, ainsi que la création d’Unions de métiers. Il appelle leur attention sur les expériences qui ont été faites à cet égard en Espagne, expériences qui ont prouvé la nécessité de prendre pour base de ces Unions, non plus le système centralisateur, mais l’autonomie des fédérations de métier qui se rattachent à la même branche de production, unies entre elles par un pacte de solidarité et de défense mutuelle.

Enfin, pour arriver à la prompte réalisation des fédérations et des Unions de métiers, le Congrès invite les fédérations et Unions déjà constituées à faciliter cette organisation par la publication, dans les organes de l’Internationale, de tous les renseignements, de toutes les données, de toutes les expériences acquises.


J’appuyai le projet de résolution ; voici l’extrait du compte-rendu :

« James Guillaume. J’appuie la proposition de Farga. Il ne suffit pas de proclamer théoriquement le principe de fédération et d’autonomie, nous devons chercher maintenant à le réaliser dans les organisations ouvrières. En Suisse, du reste, la plupart des fédérations de métier sont constituées sur ce principe ; et celles-là même qui prétendent marcher avec les autoritaires pratiquent en réalité le fédéralisme sans s’en douter. Mais il est bon, pour éviter la confusion que nos adversaires cherchent à faire naître pour en profiter, d’établir clairement ce fait : que du principe de fédération et d’autonomie, qui est le nôtre, résulte l’organisation ouvrière telle qu’elle se pratique aujourd’hui en Espagne, en Belgique, en Suisse ; tandis que la conséquence logique du principe d’autorité, ce sont ces organisations fortement centralisées, condamnées par l’expérience. »

Le projet de résolution de Farga, mis aux voix, fut adopté à l’unanimité.

La Commission nommée dans la séance du matin pour rédiger un projet de résolution concernant la solidarité universelle entre travailleurs présenta la rédaction suivante :


Le Congrès de l’Association internationale des travailleurs, réuni à Genève le 1er septembre 1873, croit de son devoir de déclarer que cette Association entend pratiquer envers tous les travailleurs du monde, quelle que soit l’organisation qu’ils se donnent, la solidarité dans la lutte contre le capital pour réaliser l’affranchissement du travail.


Cette résolution fut votée à l’unanimité.

Il fut décidé de tenir encore une séance administrative le samedi matin, pour régler quelques détails financiers. Puis, le Congrès ayant épuisé son ordre du jour, Verrycken, président, prononça l’allocution suivante :

  1. Les Espagnols appelaient « Union de métiers » un groupement qui unissait en un seul faisceau les fédérations autonomes de métiers appartenant à la même industrie. Ainsi l’Union de métiers appelée « Union des ouvriers manufacturiers » groupait cinq « fédérations de métier », savoir : la Fédération des journaliers, des fileurs et des tisseurs à la machine ; la Fédération des tisseurs à la main ; la Fédération des teinturiers en branches annexes ; la Fédération des cordiers ; la Fédération des ouvriers en articles à mailles. Une Union de métiers, en Espagne, correspondait donc à ce qu’on appelle aujourd’hui, en France, une Fédération d’industrie (Fédération du livre) ou une Union fédérale (Union fédérale des ouvriers métallurgistes).