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L’INTERNATIONALE


Documents et Souvenirs





SIXIÈME PARTIE


LA FÉDÉRATION JURASSIENNE : TROISIÈME PÉRIODE


(Mars 1876 — Mai 1878)




I


Du 18 mars 1876 au milieu de mai 1876.


Les trois faits principaux dont j’aurai à parler dans ce chapitre sont : la première partie du procès des socialistes italiens à Bologne ; la proposition d’amnistie plénière déposée par Raspail à la Chambre française ; et, en Suisse, les incidents qui signalèrent en 1876 la commémoration de l’anniversaire du 18 mars, et le rapprochement qui s’en suivit entre la Fédération jurassienne et les plus avancés parmi les ouvriers socialistes de langue allemande.


Je commence par l’Italie. Une correspondance de Cafiero, datée du dimanche 19 mars, nous annonça qu’à Rome il y avait eu, le 18, une nombreuse réunion d’ouvriers socialistes : « Vous pouvez penser si on a parlé de la Commune de Paris, et en quels termes ! Le socialisme et la révolution sociale basée sur les principes d’anarchie et de collectivisme furent les principaux sujets traités dans cette soirée. On n’oublia ni nos frères qui souffrent en Nouvelle-Calédonie, ni ceux qui sont actuellement en jugement à Bologne, ni ceux qui se trouvent dans les prisons de Rome. Pour ces derniers une souscription fut ouverte, et une communication faite à l’assemblée nous apprit que, ce même jour, eux aussi fêtaient dans leur prison le 18 mars. Il fut annoncé que le glorieux anniversaire était célébré également sur tous les points de l’Italie. À Florence, il y aura aujourd’hui un banquet de cent ouvriers socialistes. La même manifestation aura lieu dans beaucoup d’autres localités. »

Le procès des internationaux, à Bologne, avait commencé le 15 mars. L’un des avocats de Costa, Giuseppe Barbanti, avait promis de nous envoyer des correspondances régulières ; mais il ne nous écrivit que deux fois, le 24 mars et le 29 avril. Voici quelques passages de sa lettre du 24 mars :

« Les débats ont commencé, et les interrogatoires durent depuis huit jours ; ils ne sont pas encore finis. Le palais de justice ressemble à une forteresse, tant