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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/382

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rence a eu lieu le dimanche ainsi qu’un banquet. À Dison, il y a eu meeting le samedi ; à Ensival, soirée familière. Anvers, Bruxelles, Gand ont aussi fêté l’anniversaire de la Commune par des soirées et des banquets. Gand est entré depuis quelque temps dans une phase d’organisation tout à fait nouvelle ; il règne dans la population ouvrière de cette ville une grande effervescence, et les idées socialistes y gagnent du terrain, à en juger par le nombre de numéros de notre organe flamand, le journal hebdomadaire De Werker (d’Anvers), qui s’y écoulent : il s’en achète à Gand environ deux mille exemplaires chaque semaine. Si cela continue, la Flandre aura bientôt perdu sa vieille réputation d’être en Belgique le boulevard de la réaction et du fanatisme. »

Au commencement d’avril, le Conseil régional de la Fédération belge, résidant à Anvers, adressa, à l’exemple des ouvriers danois, « au ministre de la République française près la nation belge, à Bruxelles, » une protestation contre les mauvais traitements que le gouvernement français faisait subir aux vaincus de la Commune. Le texte de cette protestation fut publié dans les organes de l’Internationale en Belgique.


Notre correspondant d’Angleterre donna, dans une de ses lettres (Bulletin du 7 mai), quelques détails sur la « presse populaire » anglaise. « Il n’y a en Angleterre, dit-il, aucun journal représentant réellement les intérêts du peuple, et il ne peut actuellement pas y en avoir. » Les journaux anglais ne peuvent vivre que par les annonces. En outre, si des vendeurs voulaient accepter de vendre un journal avancé, les propriétaires des grands quotidiens leur couperaient les vivres, en cessant de leur donner leurs feuilles avec la remise ordinaire. « C’est ainsi que certains journaux même pâles, comme le Beehive, le National Reformer, ne se trouvent que difficilement et se vendent presque clandestinement dans ce pays de prétendue liberté; et que l’International Herald (du reste bien pauvre publication) a reçu le coup de grâce par le refus des vendeurs de continuer à s’en charger. Le transport par la poste est maintenu à dessein à un taux défavorable aux petits journaux : ils doivent payer un demi-penny, tout comme le Times dont le numéro pèse en moyenne une demi-livre... Ces détails expliquent comment la presse anglaise, ce miroir supposé de l’opinion publique, ne réfléchit que le mensonge, les intérêts de cliques, et la bêtise du troupeau qui avale toutes les bourdes qu’on lui sert. C’est par cet ensemble de faits, qu’on pourrait croire peu importants, que je me rends compte de l’apparence réactionnaire du prolétariat anglais. En réalité, les vrais prolétaires n’ont personnellement la parole nulle part ; ils n’ont pas plus de liberté effective que leurs frères français ; ils n’ont et ne peuvent avoir en ce moment aucun moyen de se former une opinion collective indépendante et de la répandre. »


En Allemagne, le parti formé par la fusion des lassalliens et de la fraction d’Eisenach se préparait à tenir un second congrès à Gotha. Le gouvernement prussien, alarmé par les progrès du socialisme, se décida à agir : il ordonna « la clôture provisoire (vorbinfige Schliessung), sur le territoire prussien, de l’association appelée Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands, » comme l’année précédente il avait ordonné la clôture de l’Association lassallienne. En conséquence de cette décision, le Neuer Sozial-Demokrat et les autres journaux socialistes publiés en Prusse ne purent plus prendre le titre d’ « organes du Parti socialiste ouvrier d’Allemagne » ; il fut interdit, sur toute l’étendue du territoire prussien, de continuer à payer des contributions en argent pour le parti proscrit, de convoquer des réunions en son nom, etc., sous peine des châtiments que la loi réserve à ceux qui l’enfreignent. « On voit, dit le Bulletin, que les gouvernants prussiens sont bien résolus à fermer aux ouvriers allemands toute voie légale d’émancipation. Tant mieux. »


Notre correspondant de Russie continuait à nous envoyer des détails sur la situation misérable des paysans et des ouvriers. Il raconta une manifestation faite à Saint-Pétersbourg aux funérailles d’un ex-détenu, Tchernychef, mort de