Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/383

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phtisie le 11 avril, un mois après son élargissement ; au cimetière on chanta un chœur sur l’air de la Marseillaise : « Pétersbourg n’a jamais vu de démonstration pareille ».

En Serbie, les manœuvres du gouvernement russe devaient aboutir bientôt à faire déclarer la guerre à la Turquie par le roi Milan. Les rédacteurs du journal Narodna Vola ne partageant pas l’entraînement belliqueux général, et ayant eu le courage de dire ce qu’ils pensaient à ce sujet, on les accusa d’être des agents de la Turquie et de la Hongrie : c’est ainsi qu’on avait traité les socialistes, à Paris, de Prussiens, et en Espagne de carlistes.


À l’occasion de l’envoi d’une délégation ouvrière française à l’Exposition universelle de Philadelphie, un reporter du Herald de New York alla s’informer auprès de divers présidents de Trade Unions de ce qu’ils pensaient de la venue des ouvriers français. Le président d’une Union typographique, Hugh Dayton, déclara que les ouvriers parisiens étant communistes, les ouvriers américains ne pourraient accueillir leurs délégués comme des amis. Un autre, G. W. Gibbons, président de l’Union centrale des travailleurs, dit que le voyage des délégués français en Amérique constituait à ses yeux un danger, et il exprima la crainte de voir des ouvriers de France, attirés par l’appât de salaires plus élevés, traverser l’Atlantique pour venir prendre aux États-Unis la place des travailleurs indigènes. « Est-il possible, écrivit à ce propos le Socialiste de New York, que de pareils idiots représentent les travailleurs américains ?... Vous avez raison, messieurs, d’être opposés à une réception des ouvriers parisiens, car ce sont tous des gens intelligents et bien élevés qui remporteraient en France une bien pauvre opinion du prolétariat américain, s’ils jugeaient les travailleurs des États-Unis sur le degré de votre développement... Nous sommes certains du reste que ces sociétés feront justice de ces faux-frères en les reléguant dans un coin comme ils le méritent. »

Malgré la guerre civile du Mexique, le mouvement ouvrier continuait à se développer dans ce pays. Un Congrès ouvrier — le premier — s’ouvrit à Mexico le 6 mars 1876 : on appela de ce nom des réunions périodiques, le lundi et le jeudi de chaque semaine, d’ouvriers habitant la capitale, dont quelques-uns représentaient divers associations des provinces. Il existait à Mexico un journal intitulé la Commune, qui professait le communisme ; mais le journal le Socialista avait des doctrines beaucoup moins avancées, et s’exprimait ainsi au sujet des classes riches : « Les dépositaires de l’intelligence sociale et de la richesse doivent comprendre qu’ils ne possèdent ces dépôts sacrés qu’à la condition de les utiliser pour le bien général ».


Sur l’initiative de la Section de Berne, qui avait communiqué sa proposition à toutes les sections de la Fédération jurassienne par une circulaire en date du 8 février, il avait été décidé qu’à l’occasion du 18 mars aurait lieu à Lausanne une réunion à laquelle participeraient des délégués de toutes les sections qui voudraient en envoyer, ainsi que des invités de ces sections, et, en outre, tous les membres de l’Internationale qui désireraient y prendre part à titre individuel. Il devait y avoir, le samedi soir 18, un banquet à 2 fr. 50 ; le dimanche matin 19, une réunion d’études, dans laquelle serait discuté ce sujet : la Commune ; le dimanche après-midi, un meeting de propagande ayant pour ordre du jour : L’Internationale, ses principes, son but.

La réunion eut lieu conformément au programme adopté, sauf en ce qui concerne le dernier point, le meeting de propagande, qui fut empêché.

Dans l’après-midi du 18, les délégués des sections et les invités arrivèrent de diverses parties de la Suisse, et même de l’extérieur. Les invités étaient des réfugiés de la Commune, les uns adhérents de l’Internationale, les autres restés en dehors de notre organisation, comme Jourde par exemple. Le banquet réunit délégués et invités à l’hôtel de France, au nombre d’environ quatre-vingts. Cette soirée fut employée à fixer l’ordre du jour du lendemain. Un rapport présenté par Rodolphe Kahn, au nom de la Section de Lausanne, annonça que, par suite de la mauvaise foi d’un propriétaire et de l’arbitraire des