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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/390

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individuelle, à la reconstitution et à l’agrandissement du parti socialiste, en France surtout, ce qui va devenir possible.

Salut et solidarité.

Joseph Favre, B. Malon, membres de l’Internationale.


Je fis suivre la lettre des deux membres de la Section de Lugano de quelques lignes destinées à rectifier l’une seulement des affirmations de Malon. Voici cette rectification :


Observation de la rédaction du Bulletin.

Le travail qu’on vient de lire renferme une appréciation complètement erronée de ce que ses auteurs appellent le « programme anarchiste ». La distinction qu’ils veulent établir entre les Jurassiens et les Espagnols d’un côté, les Italiens et les Russes de l’autre, appartient au domaine de la fantaisie pure.

À force de raisonner et de disputer sur des mots mal définis et plus souvent encore mal compris, et d’établir des classifications arbitraires et témoignant ordinairement d’une grande ignorance du sujet, on a fini par si bien embrouiller la question des deux écoles socialistes, qu’on est arrivé à un gâchis complet.

Tâchons de rétablir en quelques mots les faits tels qu’ils sont.

Deux écoles socialistes se sont partagé l’Internationale à partir de 1868, et de leurs querelles est née la scission qui s’est produite au Congrès de la Haye en 1872. Ces deux écoles sont celle des communistes autoritaires, et celle des communistes non-autoritaires ou collectivistes.

La théorie collectiviste, qui est la nôtre, compte parmi ses partisans les Français se rattachant à l’Internationale, les Belges, les Hollandais, les Espagnols, les Italiens, une partie des Russes, une partie des Américains, et les Jurassiens.

La théorie communiste autoritaire est professée par tous les Allemands, par les Anglais, par les blanquistes en France, par une partie des Russes et des Américains.

Les distinctions que B. Malon a déjà voulu établir à plusieurs reprises (dans des articles publiés dans des journaux belges ou italiens) entre les collectivistes du Jura et ceux de la Belgique, ou de l’Espagne, ou de l’Italie, sont le produit de son imagination, et n’existent pas dans la réalité.

Les mots d’anarchie et d’anarchistes sont, à nos yeux et à ceux de beaucoup de nos amis, des termes qu’on devrait renoncer à employer, parce qu’ils n’expriment qu’une idée négative sans indiquer aucune théorie positive, et qu’ils prêtent à des équivoques fâcheuses.

Aucun « programme anarchiste » n’a jamais été formulé, à notre connaissance ; il ne peut donc y avoir, au sujet d’une chose qui n’existe pas, une divergence entre les Jurassiens et les Italiens, entre les Espagnols et les Russes. Mais il existe une théorie collectiviste, formulée dans les congrès de l’Internationale, et c’est à celle-là que nous nous rattachons, tout comme nos amis de Belgique, de France, d’Espagne, d’italie et de Russie.


Un correspondant, dont la lettre est signée des initiales P. R., écrivit au Bulletin (n° 20) pour exprimer sa surprise que Malon, tout en se prononçant