Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/397

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centenaire de la bataille de Legnano[1], « une de ces fêtes patriotiques dont la bourgeoisie se sert pour maintenir dans les masses le fanatisme national » ; les socialistes de Bologne se réunirent ce jour-là en un banquet en l’honneur de la fraternité des peuples, à titre de contre-manifestation, et envoyèrent un télégramme de sympathie au vétéran du socialisme en Allemagne, le Dr Johann Jacoby. Il y eut également des contre-manifestations à Rome, à Naples, à Florence, etc. Au commencement de juin arriva la nouvelle que le procès des internationalistes de Massa-Carrara venait de se terminer par un acquittement. Toute la première quinzaine de juin fut encore remplie par la réplique du ministère public, et les dupliques des avocats. Enfin, le vendredi 10 juin, avant la clôture des débats, Costa prit la parole au nom de tous les accusés, et son énergique discours fut accueilli par les plus vifs applaudissements ; puis le président, après avoir prononcé son résumé, posa aux jurés, à six heures du soir, les questions auxquelles ils avaient à répondre. Pendant que le jury délibérait, les accusés furent reconduits en prison. Le lendemain Costa m’écrivait :


À minuit, comme nous dormions tous profondément, on vint nous réveiller pour nous ramener au tribunal. Le président annonça que tous les accusés étaient acquittés, et excita ainsi l’approbation du public, qui se transforma en applaudissements, lorsque les jurés sortirent. Les jurés eux-mêmes vinrent féliciter les accusés ; et ceux-ci, comme vous pouvez bien le penser, furent reçus à bras ouverts par les amis qui les attendaient.

Nous allons nous occuper immédiatement de réorganiser ici les fédérations locales, et nous croyons pouvoir vous annoncer qu’au Congrès général de cette année l’Italie enverra une nombreuse représentation[2].


La nuit même de l’acquittement le télégramme suivant m’avait été adressé de Bologne :


Bologne, 17 juin, 2 h. 55 du matin.

Les socialistes italiens détenus à Bologne, rendus à la liberté, envoient un salut fraternel à leurs frères du Jura. Costa.


La Section de Neuchâtel ayant envoyé une lettre de félicitations aux détenus de Bologne immédiatement après leur libération, reçut, quelques jours après, la réponse que voici :


Les socialistes du procès de Bologne à la Section de Neuchâtel.


Chers compagnons,

Nous avons reçu votre lettre, et nous nous empressons d’y répondre. Avant tout, nous vous remercions des sentiments d’amitié et d’estime que vous y exprimez...

... L’œuvre de réorganisation dont vous nous parlez est déjà commencée. Les fédérations romaine et napolitaine sont déjà reconstituées ; aujourd’hui même s’est reconstituée la Section d’Imola ; demain se reconstituera la fédération de Bologne ; et dans peu de jours nous célébrerons le second Congrès des sections et fédérations romagnoles, qui ne précédera que de peu de temps le 3e Congrès de la Fédération italienne. Nos repré-

  1. C’est la victoire des communes lombardes sur l’empereur Frédéric Barberousse, en 1176.
  2. Bulletin du 25 juin 1876.