Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

liberté en combattant contre les Indiens, avaient-ils été rendus à leurs familles, que le gouvernement faisait arrêter de nouveau un certain nombre d’entre eux, sans prétexte aucun. Trente de ces pauvres gens, qui venaient de débarquer à Cadix, ont été enfermés à la prison de cette ville ; d’autres, arrêtés dans diverses localités, ont été conduits, de prison en prison, garrottés comme des criminels, aux bagnes de Ceuta et de Carthagène. On a reçu la triste nouvelle que cinq membres de l’Internationale, déportés, ont été barbarement fusillés par ordre du gouverneur des Iles Mariannes. Ces cinq socialistes appartenaient à la fédération de San Lucar de Barrameda. »


De Rome, Cafiero nous écrivait, vers le 20 juin : « Il y a eu ici quelques meetings pour discuter la situation du travail... À la suite de ces meetings, beaucoup de promesses de travail avaient été faites aux ouvriers de Rome ; mais, ces promesses n’ayant pas été suivies d’effet, une grande démonstration fut projetée. Tout fut mis en œuvre par le gouvernement pour conjurer le péril ; et comme il n’avait pas réussi, il eut recours à la force : il fit arrêter nos amis Malatesta, Tolchi et Innocenti, et les fit diriger, le premier sur Naples, les deux autres sur Florence. À Naples, Malatesta fut remis en liberté, après qu’on lui eut déclaré qu’il serait surveillé ; je ne sais pas si on a agi de même avec nos amis florentins. En outre, notre ami Emilio Borghetti est depuis quelques jours enfermé dans les prisons neuves de Rome, pour contravention à l’ammonizione. Il est bon que ces choses-là soient connues, parce que nos nouveaux gouvernants (Nicotera et compagnie) veulent se donner des airs de libéraux. »

D’accord avec les groupes socialistes qui de toutes parts, en Italie, affirmaient à nouveau leur existence par des manifestations publiques, la Commission de correspondance, siégeant à Florence, lança le 1er juillet une circulaire pour la convocation d’un Congrès de la Fédération italienne. Elle disait :


Tandis que des centaines de nos meilleurs amis étaient jetés dans les prisons de l’État, la bourgeoisie, qui nous couvrait d’insultes et de calomnies, dut croire pendant quelque temps que l’Internationale était réellement morte en Italie, et morte pour toujours... Après les événements de 1874, l’Internationale italienne avait senti le besoin d’une phase de recueillement et de calme. Elle a fait l’épreuve de ses forces, elle s’est retrempée dans l’étude de ses insuccès, elle s’est préparée à une nouvelle période de lutte, pour faire un nouveau pas vers l’accomplissement de son programme ; et, pleine de vie, elle descend de nouveau dans l’arène publique, et s’apprête à montrer qu’elle existe, et qu’elle existe comme toujours afin de lutter pour la cause du genre humain foulé aux pieds... En vertu de l’article 8 du Pacte fédéral de Rimini, le Congrès régulier n’ayant pu se réunir en 1874 et en 1875, c’est à nous qu’est confiée la mission de pourvoir à la convocation d’un Congrès, qui, après avoir jugé de nos actes, procédera à l’élection d’une nouvelle Commission de correspondance. Une circulaire spéciale vous préviendra du lieu et de la date de ce Congrès, qui se réunira probablement dans le courant d’août...

Florence, 1er juillet 1876. La Commission de correspondance : Francesco Natta, Gaetano Grassi.

L’adresse de la Commission est : Francesco Natta, via Cavour, 2, Florence.


D’Angleterre, notre correspondant nous écrivait, dans les derniers jours de juin :

« Pour la première fois, et au grand scandale des ouvriers bien pensants, un meeting de Trade Unionistes a été tenu un dimanche ! Ce sont les employés du