Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/458

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Le National suisse traduit comme suit la résolution du Congrès de Gotha relative aux prochaines élections du Reichstag : « Le parti démocrate socialiste entrera avec énergie dans la lutte électorale. Le but de cette action est de propager autant que possible les principes du socialisme, et de prouver en même temps qu’il n’y a qu’un gouvernement socialiste qui puisse assurer aux masses la liberté et le bien-être matériel. »

La dernière partie de cette résolution est tout à fait mal traduite. Le texte original ne parle pas le moins du monde de gouvernement socialiste ; il dit que « la liberté et le bien-être ne peuvent exister que dans une société socialiste » (nur in der sozialistischen Gesellschaft), ce qui est bien différent.

La résolution de Gotha avait pour objet d’établir clairement que les socialistes n’envoient pas des députés au Reichstag avec la mission de chercher à y obtenir une part dans la confection des lois, et surtout qu’ils ne se flattent pas de l’espoir insensé d’y avoir jamais une majorité ; les socialistes allemands utilisent les élections comme moyen d’agitation ; la politique qu’ils font au Reichstag est purement négative, et consiste à dénoncer sans cesse au peuple les vices de la société bourgeoise, et à exposer du haut de la tribune les principes du socialisme.

Mais ce n’est pas tout. Le National, en annonçant qu’il poursuivra dans un prochain article ses études sur le parti socialiste allemand, dit, pour conclure :

« Ce mouvement est digne d’intérêt, car il démontre que le parti socialiste allemand va quitter le domaine de l’utopie et du rêve pour pénétrer dans la vie pratique et réelle, pour jouer son rôle dans la politique parlementaire, pour entrer enfin dans sa phase militante. »

Voilà des paroles qui prouvent combien le National connaît mal la chose dont il parle. Le parti socialiste allemand n’inaugure nullement une nouvelle phase de son existence ; depuis une douzaine d’années qu’il est constitué, il a toujours jugé à propos de se mêler aux luttes électorales. Par contre, il n’a jamais fait et ne fera jamais de la politique parlementaire, car c’est alors qu’il tomberait dans « le domaine de l’utopie et du rêve ». Les socialistes allemands ne se bercent pas de la naïve illusion que leur prête le National ; ils savent fort bien que la « politique parlementaire » ne mène à rien, et, s’ils profitent de la tribune du Reichstag pour donner plus de retentissement à leur propagande, c’est en parfaite connaissance de cause et en comprenant fort bien que les moyens légaux seraient à tout jamais impuissants à réaliser leur programme.


Dans son numéro du 1er octobre, le Bulletin consacra un article à commémorer l’anniversaire de la fondation de l’Internationale. En voici le début et la conclusion :


Le 28 septembre 1864.

Ce jour-là fut fondée à Londres, en un meeting tenu à Saint Martin’s Hall, l’Association internationale des travailleurs.