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cet entrefilet, disons-nous, bien que daté de Lugano, a été fabriqué à Neuchâtel.

La rédaction du Bulletin déclare que l’entrefilet en question, dont le texte original en italien est encore entre ses mains, lui a été envoyé de Lugano par le citoyen Malatesta.

Quant aux diverses injures, calomnies et insinuations qui forment le reste de la lettre signée Favre, nous n’y répondrons pas.


Favre et son ami Malon empochèrent sans souffler mot le démenti de Malatesta.




X


De janvier 1877 à la veille du 18 mars 1877.


En Espagne, il ne se passa rien d’important pendant les trois premiers mois de 1877. Je ne vois à relever que quelques passages d’une correspondance insérée dans le Bulletin du 4 février 1877 ; on y lisait : « Avant de terminer leur session, les Cortès ont voté la suppression du régime dictatorial ; comme conséquence, on eût dû mettre en liberté tous ceux qui avaient été arrêtés par ordre du gouvernement ; mais, malgré la loi, on n’a rendu la liberté qu’à un seul individu, à l’ex-favori de la mère du roi (Parfori). — À Ceuta seulement, il y a plus de 200 déportés catalans. Dans l’île de Fernando-Po (côte de Guinée) se trouvent aussi un nombre considérable de déportés : mais quoique ceux-là aient été amnistiés, le gouverneur de l’île leur refuse les moyens de revenir en Europe... — Le procès de nos compagnons d’Alcoy va bien lentement. Le 21 décembre, le juge a notifié aux accusés qu’ils eussent à choisir un défenseur dans le délai de dix jours ;... on comptait, pour la défense, sur l’ex-président de la République Pi y Margall : mais il a refusé, disant qu’on l’avait calomnié en voulant le rendre complice des événements d’Alcoy, et que, s’il se chargeait du rôle de défenseur, on ne manquerait pas d’y voir une confirmation de cette accusation calomnieuse. Pauvre homme ! Il est bon de prendre note de cette déclaration : il faut qu’il soit bien constaté que c’est en effet contre lui et contre ses agents que les internationaux d’Alcoy et d’ailleurs se sont soulevés. »


Le Conseil central du Parti socialiste de Portugal avait envoyé, comme on l’a vu (p. 103), une adresse de sympathie au Congrès de l’Internationale à Berne. Le 27 janvier 1877, ce Conseil écrivit au Comité fédéral jurassien une lettre signée de son secrétaire, Azedo Gnecco, pour lui annoncer que les 2, 3 et 4 février aurait lieu à Lisbonne le premier Congrès ouvrier socialiste en Portugal. Le Bulletin (28 janvier) publia la lettre, en la faisant suivre de ces mots : « C’est avec le plus vif plaisir que nous félicitons les socialistes portugais à l’occasion de leur premier Congrès ; nous espérons qu’il portera de bons fruits, et contribuera efficacement au développement de l’organisation ouvrière en Portugal ».

Par suite d’une interruption qui s’était produite dans la réception du journal portugais le Protesto, le Bulletin ne put rendre compte du Congrès de Lisbonne que dans son numéro du 22 avril. Ce Congrès avait réuni des délégués d’associations ouvrières d’Alcantara, de Lisbonne et de Porto, des délégués de six cercles ou groupes appartenant au Parti socialiste de Portugal, en formation, et des délégués de quatre associations coopératives de production. Ce Congrès constitua définitivement le Parti socialiste de Portugal, par l’adoption d’un programme et d’un règlement ; par 14 voix, contre 5 abstentions, le Congrès déclara que ce Parti entendait former une branche de l’Association internationale des travailleurs. À l’égard du Congrès universel des socialistes qui devait