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cet autre champion dévoué du socialisme italien, enlevé à la cause révolutionnaire en 1873.


Nos amis d’Italie avaient décidé la publication d’une biographie populaire de Michel Bakounine : ce fut Costa qui se chargea de l’écrire ; elle devait paraître eu livraisons, et former le premier volume d’une série intitulée « Biblioteca del Martello ». La première livraison parut à la fin de janvier (Bulletin du 4 février), et fut suivie de deux autres ; mais la saisie du Martello, motivée par son numéro du 18 mars, amena la disparition de ce journal, et, comme conséquence, le non-achèvement de la biographie de Bakounine.

Il parut également, en février ou mars, une traduction italienne de ma brochure Idées sur l’organisation sociale ; et le Risveglio, de Sienne, fut saisi pour en avoir publié un extrait (Bulletin du 18 mars).

Mais le groupe des intrigants dont j’ai parlé à plusieurs reprises continuait ses manœuvres. Le journal d’Ingegneros, le Povero de Palerme, publia contre nos amis un article anonyme qui fit scandale ; voici ce qu’on lit à ce sujet dans le Bulletin (numéro du 25 février) :


Un journal de Palerme, le Povero, a récemment écrit un article d’injures contre les socialistes italiens qui ont pris part aux mouvements insurrectionnels d’août 1874. Cette attaque, dictée uniquement par des arrière-pensées personnelles, a soulevé l’indignation des sections italiennes de l’Internationale ; nous trouvons dans le Martello du 17 février de nombreuses protestations contre la rédaction du Povero ; la Section de Florence entre autres s’exprime ainsi : « Le mode d’agir des rédacteurs du Povero n’est pas celui de socialistes honnêtes, mais bien celui de dignes imitateurs d’un Terzaghi, lequel, au moment où sévissaient les arrestations et les persécutions contre les socialistes italiens, s’est servi du même langage qu’emploie aujourd’hui le Povero ». Les tentatives qui ont été faites sur divers points de l’Italie pour faire dévier le mouvement socialiste révolutionnaire resteront impuissantes, nous en sommes certains : elles n’auront fait que discréditer leurs auteurs. Le prolétariat italien n’est pas de ceux que les ambitieux puissent exploiter au profit d’une candidature parlementaire : chez lui, l’instinct révolutionnaire est trop développé pour que les artifices de tous les diplomates puissent réussir à l’étouffer.


Dans son numéro du 11 mars, le Bulletin ajoutait :


L’article indigne du Povero a soulevé de toutes parts une véritable tempête de protestations ; le Risveglio, de Sienne, exprime son « profond mépris » pour le lâche qui a, dans un journal prétendu socialiste, insulté les vaincus du mouvement d’août 1874. « Les mouvements de 1874, dit le Risveglio, ont porté des fruits excellents. Qui oserait le nier ? Si les prisons étaient pleines de prisonniers politiques, le socialisme en revanche se propageait partout, était discuté dans les masses, et finissait presque toujours par être accepté. Nous ferons du tribunal une tribune, avait dit Costa ; et il a dit vrai. Les mouvements d’août 1874 furent utiles ; et la preuve, nous l’avons dans ce fait que, dans toutes les localités de la Romagne et de la Toscane, là où il n’y a pas une section de l’Internationale, il y a du moins un noyau socialiste.


Enfin, dans le numéro suivant (18 mars), le Bulletin publiait ceci :


Il paraît que l’article outrageant du Povero de Palerme — cet article dans