Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/51

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sédantes... Nous sentons que nous devons nous emparer du pouvoir politique avant de pouvoir accomplir notre propre émancipation. Nous croyons que vous seriez arrivés à la même opinion que nous, si vous vous trouviez placés dans le même milieu, et nous pensons que les événements donneront raison à nos idées.

Mais en même temps nous reconnaissons votre loyauté, et nous admettons parfaitement qu’il puisse y avoir une semblable différence d’opinion quant à la politique à suivre pour réaliser les grands principes pour lesquels nous luttons les uns et les autres. C’est une preuve de plus que le principe fédératif est le seul sur lequel notre Association puisse être basée. Comme le citoyen Guillaume l’a dit à la Haye, « l’Internationale est le produit de notre vie de tous les jours, c’est une nécessité causée par les conditions dans lesquels nous vivons ». Les choses étant ainsi, il est certain qu’il serait impossible d’adopter une politique uniforme qui serait applicable à tous les pays et à toutes les circonstances.

Le Congrès de la Haye, qui devait et qui aurait pu apaiser les différends qui malheureusement avaient éclaté dans nos rangs, s’il avait été organisé d’une manière honnête, n’a fait que prouver que l’internationalisme est incompatible avec le système des intrigues secrètes.

Ce Congrès nous a au moins rendu un service. Il a démasqué l’hypocrisie des hommes de l’ancien Conseil général, de ces hommes qui cherchaient à organiser une vaste société secrète dans le sein de notre Association, et cela sous le prétexte de détruire une autre société secrète dont ils avaient inventé l’existence pour les besoins de leur cause[1].

Celui qui n’a pas connu de près le défunt Conseil général ne peut pas se faire une idée de la manière dont les faits y étaient dénaturés et dont les renseignements qui auraient pu nous éclairer y étaient interceptés. Il n’a jamais existé de conspiration secrète dont l’action ait été plus occulte que celle de l’ex-Conseil général. C’est ainsi, par exemple, que, lorsque j’étais secrétaire général de ce Conseil[2], je n’ai jamais connu et je n’ai jamais pu obtenir les adresses des Fédérations du continent[3]. Autre exemple : Un jour le Conseil fédéral anglais reçut une lettre très importante du Conseil fédéral espagnol ; mais le signataire de cette lettre, le citoyen Anselmo Lorenzo, avait oublié de donner son adresse dans la lettre ; le Conseil fédéral anglais pria alors le citoyen Engels, qui était à cette époque secrétaire correspondant du Conseil général pour l’Espagne, de lui donner l’adresse du Conseil fédéral espagnol : le citoyen Engels refusa formellement. Dernièrement il nous a fait le même refus à l’égard du Conseil fédéral de Lisbonne. Les membres anglais du Conseil général entendaient parler de temps en temps de la Fédération jurassienne : on la leur représentait comme n’étant composée que d’une poignée de charlatans doctrinaires qui cherchaient constamment à semer la discorde dans notre sein, mais qui n’y réussissaient pas, parce qu’ils n’avaient aucun ouvrier avec eux. Quand nous avons enfin connu la réalité, nous avons su que c’était, en cette chose

  1. Ces mots sont soulignés dans la lettre anglaise. (Note du Bulletin.)
  2. On sait que le citoyen Hales a fonctionné pendant plusieurs mois comme secrétaire général du Conseil général de Londres. (Note du Bulletin.)
  3. Ces mots sont soulignés dans la lettre anglaise. (Note du Bulletin.)