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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/525

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s’agirait d’exposer clairement, dans ce second ouvrage, les lois qui régissent la planète, d’étudier les espèces qui la peuplent, les races qui se la disputent et dont elle est la propriété commune. Le plan de ces Esquisses a déjà été tracé par quelques compagnons, et, dès que les ressources financières leur seront assurées, ils pourront se mettre à l’œuvre. Plus tard, d’autres ouvrages du même genre pourront être proposés pour toutes les autres parties de l’enseignement.

... Maintenant il nous reste à répondre à votre proposition de publier une Histoire des mouvements populaires[1]. Nous pensons comme vous que cet ouvrage serait d’une grande utilité ; mais il sortirait de notre cadre actuel, et nous voudrions, pour le moment, le remplacer par un recueil de chants et de poésies révolutionnaires, qui serait aussi une histoire des souffrances du peuple et de ses revendications, et qui aurait un avantage, celui d’être facilement composé. Du reste, le Bulletin a déjà appelé notre attention sur ce point[2].


Élisée Reclus et Joukovsky étant venus ensemble aux Montagnes, au commencement de mars, faire des conférences dont il sera parlé tout à l’heure (p. 151), ce fut une occasion d’agiter de nouveau la question des publications populaires. À Saint-Imier, après la conférence (samedi 3 mars), il y eut, raconte dans le Bulletin notre correspondant du Vallon, « une réuuion familière dans laquelle les compagnons Reclus et Joukovsky développèrent le projet de reprendre la publication des Esquisses historiques, et de continuer cette publication populaire par des Esquisses géographiques. Ce projet fut vivement approuvé par tous nos compagnons, et il fut décidé que le produit de la tombola organisée pour la soirée familière du 25 courant serait affecté au fonds à créer pour assurer matériellement la possibilité de ces publications ». À la Chaux-de-Fonds, la conférence, qui eut lieu le lendemain dimanche 4, était payante, et un nombreux public, attiré par la célébrité d’Élisée Reclus, y assistait : « On nous annonce, écrit le Bulletin, que la recette doit être consacrée à aider à la publication de la troisième série des Esquisses historiques ».

J’adressai au Bulletin une lettre destinée à expliquer quelle circonstance avait amené l’interruption de la publication de mes Esquisses. « La vente de la Première série — écrivais-je — s’est faite dans des conditions satisfaisantes de régularité, et avait suffi pour couvrir tous les frais ; mais, pour la Seconde série, les choses ont marché tout autrement. Un libraire de Bruxelles, qui avait pris la moitié de l’édition, n’a jusqu’à présent répondu que par un silence obstiné à toutes les lettres qui le priaient de régler son compte... Grâce à l’initiative prise par Élisée Reclus et Joukovsky, — dont je leur témoigne ici ma reconnaissance, — il faut espérer que les ressources financières indispensables finiront par se trouver ; alors je me remettrai à l’œuvre ; et peut-être avant la fin de l’année, la Troisième série des Esquisses historiques aura-t-elle pu voir le jour. »

La destinée en ordonna autrement : la publication des Esquisses historiques ne fut pas reprise, et celle des Esquisses géographiques — qui aurait pu doter notre littérature populaire d’un chef-d’œuvre si Elisée Reclus y avait mis la main — ne fut jamais commencée.

À la Chaux-de-Fonds, la Section décida qu’un de ses membres prendrait la parole dans la grande assemblée populaire qui se tenait chaque année pour la célébration de l’anniversaire de la révolution du 1er mars 1848 ; Auguste Spichiger fut désigné. Une lettre que j’écrivais à Kropotkine le lundi 26 février contient le passage suivant : « Je vous prie de bien vouloir remettre,

  1. Cette proposition était due, je crois, à l’initiative de « Levachof ».
  2. Voir plus haut, p. 126.