Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/553

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mands se sont prononcés pour l’affirmative. « Si nous ne faisons pas de la politique, disaient-ils, nous n’avons pas de motif pour nous associer, et notre mouvement, si beau, si grandiose, tombera à plat infailliblement ; en effet, les ouvriers flamands ne comprennent qu’une chose pour le moment : la revendication des droits politiques. » D’autre part, les délégués de Verviers ont contesté l’utilité de l’agitation politique : « Là où le suffrage universel existe, ont-ils dit, le pain est au même prix que là où il n’existe pas. La politique est un leurre. La Belgique a déjà vu des socialistes siéger dans son Parlement, témoins Castiau et De Polter ; et l’action parlementaire de ces députés est restée parfaitement inutile. »

Un débat s’est engagé au sujet du mouvement socialiste d’Allemagne, dont les délégués d’Anvers et de Gand vantaient l’excellence et les résultats, et qu’ils proposaient comme modèle à suivre. Aux objections de quelques délégués wallons, un délégué d’Anvers répondit en disant : « Vous ne connaissez pas le mouvement allemand. — Nous le connaissons parfaitement bien, répliquèrent les délégués de Verviers, nous l’avons étudié sous toutes ses faces, et c’est pour cela que nous ne voulons pas l’imiter. »

La discussion close, le président du Congrès, Van Beveren, de Gand, fit une proposition autoritaire qui devait obliger toutes les corporations à faire de la politique : du coup, il excluait par là dix-sept corporations représentées au Congrès. Mais il fut convenu que cette motion ne serait pas mentionnée ; Bertrand, de Bruxelles, dit : « Ceux qui ne veulent pas faire de la politique peuvent et doivent quand même faire partie de l’Union ouvrière belge, et c’est pourquoi je fais la proposition suivante : Le Congrès ouvrier belge reconnaît l’utilité de l’agitation ouvrière sur le terrain politique, et croit que toutes les associations ouvrières y adhérentes en comprendront la nécessité et y participeront ». La majorité se rallia à cette proposition.

Ensuite le Congrès décida que l’organisation qu’il avait pour mission de constituer définitivement prendrait le nom d’Union ouvrière socialiste belge.

Une vive discussion s’engagea sur les conditions d’admission dans l’Union ouvrière. Les délégués d’Anvers et de Gand voulaient que les bourgeois sympathiques au socialisme pussent en faire partie, parce que, disaient-ils, leur concours est précieux et souvent indispensable, et qu’en Allemagne, par exemple, Lassalle a rendu de très grands services à la classe ouvrière. Les délégués de Bruxelles et de Verviers demandèrent que l’élément ouvrier fût seul admis dans l’Union, et le Congrès se rallia à leur opinion, en votant une proposition de Fluse, de Verviers, ainsi conçue : « Nul ne pourra faire partie de l’Union ouvrière socialiste belge s’il n’est salarié ».

Le Congrès n’ayant pas eu le temps de discuter les statuts de l’Union, cette discussion sera reprise dans un prochain Congrès, qui aura lieu [en juin] à Bruxelles.


Nos adversaires, à Zürich et à Leipzig, ne comprirent pas d’abord la véritable signification des votes du Congrès de Gand ; ils ne se doutèrent pas que leurs amis, les politiciens flamands, y avaient été battus. La Tagwacht et le