Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/564

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moindre détail sur cette surprise, qui reste jusqu’à présent inexplicable pour nous. Nous espérons que, lorsque la vérité sera connue sur la conduite de nos amis, elle réfutera victorieusement les injures que leur adresse une presse éhontée, au premier rang de laquelle se distingue le Povero de Palerme. »


La « presse éhontée », ce n’était pas — qui s’y fût attendu ? — la presse bourgeoise, laquelle se montra en général réservée, et même véridique ; c’étaient des journaux qui se disaient socialistes. Après le Radical, nous vîmes entrer en ligne le Vorwärts. Je copie ce qui suit dans le même numéro du Bulletin :


Le Vorwärts de Leipzig a publié sur le mouvement insurrectionnel italien l’étonnant entrefilet que voici :

« Les journaux bourgeois de tous les pays rapportent à propos de l’Italie une bourde des plus stupides (eine höchst einfältige Schirindefgeschichte). Les internationaux auraient fait une insurrection près de Rome. Le télégramme suivant, qu’on a pu lire dans presque tous les journaux allemands, est du plus haut comique : « La police a arrêté dimanche, à Pontemolle près de Rome, dix-huit membres de l’Internationale, qui paraissaient vouloir se former en bande ». La Vossische Zeitung est du reste assez honnête pour reconnaître que toute cette histoire est une manœuvre de police. Les gens arrêtés n’ont rien à faire avec l’Internationale, ce sont de simples malfaiteurs comme il s’en trouve continuellement en Italie pour se livrer au brigandage (es ist einfaches Raubgesindel, welches in Italien immerswährend sein Unwesen treibt). Le ministre Nicotera a dit lui-même que les émeutiers appartiennent aux classes les plus basses de la population ; or celles-ci, comme on le sait, se tiennent en Italie tout à fait à l’écart de l’Internationale. Ainsi, des mensonges, et toujours des mensonges, pour tâcher de calomnier ces rouges que l’on déteste. »

Voilà tout ce que le Vorwärts a dit à ses lecteurs, jusqu’à cette heure, sur les événements d’Italie. Et cet entrefilet a paru le 18 avril, alors que toute l’histoire de la bande de Letino, y compris les noms de Cafiero et de Malatesta, délégués au dernier Congrès international de Berne, avait déjà fait le tour de la presse. Après un tel monument d’ignorance ou de mauvaise foi, il faut tirer l’échelle.


Je crus devoir montrer — en regard des injures de certaine presse socialiste (!) — sur quel ton, bien différent, quelques organes de la bourgeoisie avaient parlé de nos amis emprisonnés, et je publiai ce qui suit :


Dans certains journaux radicaux ou soi-disant socialistes, quelques hommes, poussés uniquement par la haine personnelle, ont lancé les plus basses injures contre les socialistes italiens insurgés, et particulièrement contre nos amis Cafiero et Malatesta. À ces procédés ignobles, — l’injure contre des vaincus qui ont payé de leur personne, ce que n’ont jamais fait leurs insulteurs, — nous opposons, à la honte de ces journaux prétendus socialistes, deux extraits de journaux bourgeois, qui leur donneront une leçon de convenance et de pudeur.

Voici comment s’exprime, au sujet de Cafiero, le Giornale di Padova, reproduit par le Pungolo de Milan ;

« Carlo Cafiero est fils d’un riche propriétaire de Barletta. Il fit ses études à l’université de Naples. Mais, très jeune encore, il quitta l’Italie pour voyager dans presque toute l’Europe.