Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/579

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tranquilliser Lenz[1]. D’ailleurs Kahn m’a écrit une lettre échevelée a ce sujet[2], et je lui ai répondu d’être tranquille. Notre journal français paraîtra seulement le 20[3] ; nous n’avons pas encore toutes les adresses. »

Le Travailleur parut le 20 mai ; le Bulletin mentionna son apparition en ces termes : « Le premier numéro du Travailleur, revue socialiste mensuelle que nous avions annoncée il y a quelque temps, vient de paraître à Genève : c’est une brochure de 32 pages in-8o, qui contient le programme de la nouvelle revue, un bulletin de la situation, des articles sur la république bourgeoise en France, sur la guerre d’Orient, sur la Hongrie, des correspondances de Paris, de Lyon, de Verviers, de Berlin, de Leipzig, un bulletin bibliographique et une tribune libre. L’adresse de l’administration du Travailleur est 26, chemin de Montchoisy, à Genève[4]. »

Le 28 mai, deux jours après la conférence qu’il était allé faire à Genève, Brousse écrivait à Kropotkine :

« J’arrive de Genève, et je m’empresse de vous écrire pour vous prier de rédiger le plus vite possible votre bulletin international, et pour vous donner quelques renseignements qui vous feront plaisir. Samedi soir 26, très bonne soirée : au moins cent cinquante personnes, et public très mélangé ; au fond de la salle, une poignée de grands hommes de la Commune, Avrial, Gaillard et Cie ; à droite, une poignée de nos amis les ennemis, comme parlait Béranger, parmi lesquels les amateurs de l’administration centrale à la commune pour les services publics, de la participation au vote dans la commune, comme Lefrançais ; tous les autres, bons et braves ouvriers manuels, membres en partie de la Section de propagande. Personne n’a répondu à ma conférence, où cependant, après avoir renversé ce moulin à vent de l’État politique, j’ai attaqué de toutes mes forces le fameux État-services publics, quiproquo sur lequel se fonde le Travailleur, comme le prouve la lettre que publie Arthur Arnould.

« Dimanche après-midi, conférence à cinquante paysans français, aux frontières de la Savoie. De leur part, enthousiasme indescriptible.

« Enfin, ce matin lundi, j’ai causé avec deux délégués de la Section de Macon. L’un m’a fait l’effet d’être un peu poseur, mais l’autre m’a paru un excellent élément. Après une discussion qui a été assez longue, il a été convenu que l’Avant-garde (nom définitivement adopté) paraîtra dimanche prochain. Je me charge de tout le reste du journal, mais, je vous en prie, faites-moi le plus vite que vous pourrez le bulletin international[5].

« Avant de poser la plume, je dois vous dire deux mots de mon attitude en présence de nos amis les ennemis, afin qu’une nouvelle calomnie ne s’entasse pas sur les autres. Ralli n’était pas à Genève ; Kahn est venu à ma conférence, et nous nous sommes parlé amicalement ; il m’a demandé une explication pour le dimanche matin vers onze heures ; je la lui ai promise, et je suis allé à cet effet à l’imprimerie, où, devant Lefrançais et Steinberg, nous avons causé de choses et autres. Il me demandait un second rendez-vous pour le soir : mais, devant revenir à onze heures du soir de la frontière française, je n’ai pu le lui promettre.

« Maintenant que vous voilà renseigné, je vous serre cordialement les mains.

« P. Brousse. »


D’Angleterre, les correspondances de Robin ne nous apportaient plus guère

  1. Lenz avait quitté la Chaux-de-Fonds pour Genève.
  2. Kahn craignait que si la conférence de Brousse avait lieu le 12 mai, elle ne portât préjudice à une tombola annoncée pour ce jour-là par le groupe de la revue.
  3. Il ne parut que le 3 juin.
  4. C’était l’adresse de l’imprimerie du Rabotnik.
  5. Kropotkine ne put achever son « bulletin » en temps utile pour le premier numéro de l’Avant-garde. Une carte postale de Brousse, du 3 juin, lui dit : « Très bien, le bulletin international ; mais il m’est parvenu trop tard. Le prochain doit être de même longueur à peu près, mais arriver plus tôt. Faites aussi déjà une bonne correspondance d’Allemagne. Je me charge du reste. »