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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/593

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ter moralement ; et ses collaborateurs, les pédagogues de l’autre État, l’ont fait exécuter matériellement ».


De la Chaux-de-Fonds, on écrivit au Bulletin : « Samedi passé 16 juin, nous avons eu une réunion publique organisée par notre Cercle d’études sociales. Après avoir échoué deux fois à convoquer le public par des annonces, nous avons distribué dans les cafés des feuilles volantes, où nous invitions les ouvriers de la localité à songer à la triste position qui leur est faite par la crise toujours croissante, et à venir prendre part à nos discussions politiques. La salle cette fois a été pleine. Le public nous a été généralement sympathique, et plusieurs des assistants ont promis de revenir aux réunions, qui dorénavant auront lieu tous les quinze jours. »

À Berne, une Section de plâtriers-peintres se constitua le 17 juin ; une Section de menuisiers et de charpentiers se fonda le surlendemain 19.

La Section de Fribourg, qui s’était vue réduite pendant quelque temps au chiffre de trois membres, par suite de la fermeture de la fabrique de wagons, se réorganisa dans la dernière semaine de juin. Ainsi, en quatre semaines, sept nouvelles sections s’étaient constituées ou reconstituées : Cercle d’études sociales de Fleurier-Sainte-Croix, Section italienne de Berne, Section française de propagande de Genève, Section italienne de Genève, Section des plâtriers-peintres de Berne, Section des menuisiers et charpentiers de Berne, et Section de propagande de Fribourg.

Le 30 juin, enfin, dans une assemblée générale de toutes les sociétés ouvrières du Val de Saint-Imier, la fusion, préparée depuis plusieurs mois, des deux fédérations ouvrières du district de Courtelary devint un fait accompli ; les deux fédérations s’unirent en une seule organisation, qui adhéra à la Fédération jurassienne, et dont les statuts furent publiés dans le Bulletin. L’Internationale se trouva grouper désormais sous son drapeau toutes les associations ouvrières du Vallon.

Dans son numéro du 1er juillet, le Bulletin publia l’article suivant :


Il y a un an aujourd’hui que Michel Bakounine est mort à Berne. Ceux dont il avait combattu les doctrines autoritaires espéraient bien que le bakounisme — pour employer leur langage — allait disparaître du monde avec le vieux révolutionnaire descendu dans la tombe. Ils se sont trompés : le parti révolutionnaire anarchiste est plus fort et plus vivant que jamais ; et même en Suisse, dans le pays le moins favorable à son développement, il a grandement gagné du terrain depuis un an. C’est qu’il n’y a jamais eu, quoi qu’aient pu dire nos adversaires, de bakounisme ni de bakounistes : il y a eu et il y a encore des hommes unis par un programme commun et par la passion de la justice et de l’égalité, et dont l’existence est vouée à la propagande et à la réalisation de leurs idées. Le parti qui s’est formé autour d’un homme ne survit pas au chef auquel il devait l’existence. Il en est autrement du parti qui s’est formé autour d’une idée : un individu peut mourir, le parti reste, il continue à vivre, à grandir et à lutter jusqu’à la victoire.


Dans ce même numéro, le Bulletin annonçait le « Congrès universel des socialistes » et publiait la circulaire de convocation. Il écrivait :


Ce Congrès, dont l’initiative a été prise par l’Internationale à son Congrès de Berne de l’an dernier, mais dont l’organisation a été remise aux socialistes belges sans distinction de groupes, s’appellera Congrès général et universel des socialistes en 1877. Les socialistes belges ont désigné la ville de Gand, le centre ouvrier le plus important du pays flamand, pour