Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/624

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nombre sous les verroux et de leur faire payer près de 1400 fr. ? C’est ça qui va mettre du beurre dans les épinards !

Nous apprenons que le gouvernement bernois a décidé de prolonger jusqu’au 15 octobre prochain le délai légal qui est accordé aux internationaux condamnés pour se constituer prisonniers.


Immédiatement après le procès, des assemblées populaires furent réunies à Berne, à Saint-Imier et à Sonvillier. Dans ces deux dernières localités, les assemblées votèrent le publication d’un Appel au peuple, qui, rédigé par une commission composée de citoyens appartenant aux différents partis politiques, fut répandu dans toute la partie française du canton de Berne : on y protestait énergiquement contre « la grave atteinte portée aux libertés du peuple bernois » par « des procédés dignes des tribunaux monarchistes, mais qui couvrent d’infamie un tribunal républicain ». À Genève, une assemblée convoquée pour le 15 août par les trois sections que la Fédération jurassienne avait dans cette ville, ne put avoir lieu parce que la police interdit la pose des affiches ; une autre assemblée se réunit néanmoins le 29 août ; Costa y fit un rapport sur le procès de l’Internationale à Berne, et l’assemblée adhéra ensuite à le protestation déjà votée par les assemblées de Saint-Imier et de Sonvillier.

Dans les derniers jours d’août eut lieu à la Chaux-de-Fonds cette conférenee des délégués français dont Brousse avait parlé dans sa lettre du 12 juillet. Le Bulletin du 2 septembre en rendit compte en ces termes :


Le premier Congrès de la Fédération française de l’Internationale a eu lieu, dans le courant du mois passé, dans une petite ville de la frontière. Les principaux centres ouvriers de la France étaient représentés. Le Bureau fédéral de l’Internationale avait délégué à ce Congrès l’un de ses membres, qui a pu vérifier les mandats, et s’assurer de la réalité et du sérieux de l’organisation.

Les débats du Congrès n’étaient pas, on le comprend, destinés à la publicité. Toutefois nous croyons pouvoir, sans inconvénient, reproduira le texte des résolutions suivantes, adoptées par lui et qui nous sont communiquées.


Ces résolutions, au nombre de six, étaient relatives aux cotisations, à la propagande, au mode d’organisation, à la représentation de la Fédération française au Congrès général de l’Internationale et au Congrès de Gand, à la participation aux mouvements populaires, et aux grèves. Voici le texte des deuxième, cinquième et sixième résolutions :


2° résolution — Le Congrès, considérant que les moyens de propagande varient avec les milieux dans lesquels s’agitent les sections, et respectant le principe d’autonomie proclamé dans le programme, laisse à chaque groupe le soin de choisir le moyen de propagande qui lui convient. Cependant il recommande à l’attention des sections les moyens suivants : Pour les villes, une active propagande par le livre, le journal, la brochure ; pour les campagnes, l’entrée, dans les métiers qui voyagent, de socialistes dévoués ; partout, dès que la force de l’organisation rendra la chose possible, la propagande par le fait.

5° résolution. — La Fédération française décide qu’elle profitera de tous les mouvements populaires pour développer dans les limites du possible son programme collectiviste et anarchiste, mais elle invite les groupes qui la composent à ne pas compromettre leurs forces au profit de la victoire d’un parti bourgeois.

6° résolution. — Dans le cas où des grèves éclateraient dans les contrées