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De Paepe[1] les a insultés[2], ainsi que Brismée[3]. M. John Hales ditto[4] . Ce dernier s’est placé sous le commandement de — Barry ! que j’avais fait aller à Gand (den ich veranlasst hinzugehen), en partie comme membre du Congrès (comme délégué de je ne sais quelle société[5]), en partie comme correspondant du Standard de Londres. Pour ma part, je ne veux plus jamais rien avoir à faire personnellement avec Jung et Hales, mais vis-à-vis des Jurassiens leur seconde apostasie est utile[6]. Barry est mon factotum ici ; il a dirigé aussi le reporter du Times (ce journal a donné son congé à M. Eccarius).


Voilà un petit bout de lettre que Sorge, s’il eût été soigneux du bon renom de son maître, eût mieux fait de ne pas publier.




XV


De la seconde quinzaine de septembre à la fin de 1877.


En Espagne, à côté des sections de l’Internationale, il se constitua, dans l’automne de 1877, un nouveau groupement révolutionnaire, composé d’ouvriers qui jusqu’alors avaient emboîté le pas au parti républicain, et qui, s’étant séparés de leurs anciens chefs, formèrent un parti d’action révolutionnaire. Ce parti se donna pour organe une feuille clandestine, la Revolucion popular, qui fut envoyée à notre Bulletin ; ce journal disait : « Convaincus que la liberté ne sera jamais une vérité pour les travailleurs, tant qu’existera le principe de la propriété individuelle des instruments de travail et son frère jumeau le principe d’autorité, nous défendrons dans toute sa franchise la tactique révolutionnaire socialiste qui tend à la destruction de ces deux principes, base de notre servitude et de notre misère ». Le premier numéro se terminait par le salut suivant : « Au doyen de la presse révolutionnaire clandestine, au journal l’Ordre (el Orden), un salut fraternel de la part de la Commission d’organisation révolutionnaire ». L’Ordre, organe de l’Internationale espagnole, qui en était à sa troisième année d’existence, répondit : « Nous rendons cordialement au nouveau journal le salut fraternel qu’il nous a adressé », et le Bulletin ajouta (14 octobre) : « Les socialistes jurassiens font des vœux ardents pour que l’union de tous les travailleurs révolutionnaires de l’Espagne se consolide et se généralise ».


En Italie, bien que la plupart de ceux que nos adversaires se plaisaient à appeler les « chefs » du mouvement fussent sous les verroux ou en exil, la propagande de l’Internationale continuait sans relâche. À Naples avait paru,

  1. J’ai déjà cité ce mot de Marx, « der schwatzschweifige De Paepe », au t. II, p. 355, note.
  2. «Les », c’est-à-dire « Guillaume et Cie ». Ceci est absolument faux ; j’eus pendant toute la durée du Congrès de Gand les relations les plus cordiales avec De Paepe et avec tous les Flamands, Coenen excepté.
  3. Brismée, tout en votant contre nous, ne cessa pas de me témoigner la même amitié qu’autrefois.
  4. Hales fut extrêmement correct dans toute son attitude.
  5. Marx n’ignorait pas que Maltman Barry était délégué du Kommunistischer Arbeiterverein de Londres, puisqu’il dit que c’est lui-même qui l’a « fait aller à Gand » ; mais il éprouvait peut-être quelque gêne à en faire l’aveu à Sorge.
  6. On trouvera au chap. XV (p. 301) une lettre que m’écrivit Jung le 2 décembre 1877, et on pourra juger s’il s’était séparé de nous comme Marx le croyait.