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rien, il croit qu’on peut bien s’en passer. — César De Paepe fait alors un très long discours sur la situation du Conseil régional et sur le Bureau fédéral de l’Internationale, qui a été placé à Verviers par décision du Congrès général[1]. Il dit, à propos de cette dernière question, que ç’a été une affaire arrangée entre Verviers et les régions étrangères ; il trouve que ce Bureau fédéral n’a pas lieu d’être à Verviers, que c’est le Conseil régional qui doit faire cette besogne, que c’est lui que ça regarde, et qu’au lieu de Verviers, c’est à Bruxelles que doit être placé le Bureau fédéral de l’Internationale. La séance est ensuite levée. » — Dans la séance du lendemain matin, la discussion recommence sur la question du Bureau fédéral. « Steens fait observer que De Paepe a donné des explications suffisantes et qu’on peut se prononcer. La question est alors mise aux voix : Sera-ce le Conseil régional de Bruxelles qui remplira les fonctions de Bureau fédéral de l’Internationale, ou laissera-t-on ce Bureau à Verviers ? Bruxelles est adopté à l’unanimité, moins la voix du délégué de Verviers. Le président crie bien haut : Encore une fois Verviers ! Lambrette proteste à plusieurs reprises au nom de sa fédération, et déclare que sa fédération protestera à son tour, parce que, dit-il, il n’appartient pas à un Congrès régional de casser un vote fait à un Congrès général[2]. La séance a été ensuite levée, et le Congrès clos. »

Je ne crois pas qu’il y ait eu d’autre congrès de la Fédération belge de l’Internationale après celui-là.


Au commencement de décembre, je reçus de Londres une lettre que m’adressait Hermann Jung. Il n’y avait plus de sections de l’Internationale en Angleterre ; mais Jung continuait à s’occuper activement du mouvement ouvrier, et c’est à l’occasion d’une grève des tailleurs de pierre de Londres qu’il m’écrivit (j’étais secrétaire correspondant du Comité fédéral jurassien, que le Congrès de Saint-Imier avait maintenu à Neuchâtel). De sa lettre, imprimée au Bulletin du 9 décembre, je ne donne que le commencement et la fin :


Londres, 2 décembre 1877.

Cher citoyen Guillaume,

Les tailleurs de pierre de Londres sont en grève depuis dix-huit semaines pour obtenir une augmentation de salaire d’un penny (dix centimes) par heure, et mettant le salaire à dix pence (un franc) ; ils ont averti les patrons dix-huit mois à l’avance, donc ces derniers ne peuvent dire qu’ils ont été pris à l’improviste. Les patrons ont fait venir des ouvriers d’Allemagne et d’Amérique, en les trompant sur le but, et leur faisant croire que les travaux dans le bâtiment allaient si fort qu’ils ne trouvaient pas le nombre suffisant d’ouvriers en Angleterre. [Jung explique qu’il a été possible à deux reprises, à la Société des tailleurs de pierre, de renvoyer des convois d’Allemands, venus, d’abord, du Nord de l’Allemagne, puis de la Bavière et du Wurtemberg ; mais qu’il est très difficile de négocier avec de nouveaux convois d’Allemands qui viennent d’arriver, et qu’en outre on apprend que les patrons cherchent du renfort en Suisse.] Les derniers convois de l’Allemagne du Sud sont composés de bien mauvais éléments :

  1. Voir ci-dessus p. 263.
  2. Si le Congrès de Bruxelles, en transférant le Bureau fédéral de Verviers à Bruxelles, avait voulu par là donner à ce Bureau des moyens d’action plus efficaces, en lui garantissant le concours de toute Fédération belge, il n’y aurait rien eu à objecter. Mais telle n’était pas l’intention de ceux qui accomplirent ce petit coup d’État. À Verviers, entre les mains des socialistes wallons, le Bureau fédéral devait être réellement vivant et agissant, et c’est ce que les Flamands ne voulaient pas : ils décidèrent donc que ce Bureau serait placé à Bruxelles, entre leurs mains à eux, avec la résolution bien arrêtée de tout paralyser.