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Les délégations de la minorité du Congrès de la Haye ont pris l’engagement de travailler à l’établissement d’un pacte de solidarité positive entre les fédérations autonomistes.

Comme nous pouvions nous y attendre, notre Fédération est la première qui se trouve sous le coup des résolutions autoritaires du Congrès de la Haye.

Le moment de renoncer au programme de l’autonomie fédérative, ou d’affirmer pratiquement les résolutions adoptées par la minorité de la Haye[1], est venu.

Nous en appelons à toutes les Fédérations. Nous les invitons à nous dire ce qu’elles pensent de notre attitude : si la Fédération jurassienne doit renoncer à compter sur l’appui des Fédérations qui veulent le maintien du principe autonomiste, ou bien si toutes veulent résister au développement et à l’application du dogme autoritaire formulé par la majorité du Congrès de la Haye.

Nous attendons de vous, compagnons, une réponse positive.

Salut et solidarité.

Ainsi adopté en séance du 8 décembre 1872 à Sonvillier.

Au nom du Comité fédéral jurassien :
Le secrétaire correspondant, Adhémar Schwitzguébel.


En Amérique, dès le 23 octobre, le Conseil fédéral de Spring Street, par une lettre au Socialiste de New York, signée de son secrétaire pour la langue française, B. Hubert, avait déclaré qu’il voulait ignorer les élus du Congrès de la Haye, et avait invité « les sections et les membres qui pensent comme nous... à se joindre ou à correspondre immédiatement avec nous, dans le but de réorganiser notre Association sur des bases plus solides et plus libérales » ; et il avait annoncé en même temps, aux Sections américaines, que le Congrès anti-autoritaire de Saint-Imier, du 15 septembre, avait « répudié le Congrès de la Haye ». Le 1er décembre, le même secrétaire B. Hubert adressa au Comité fédéral jurassien une notice détaillée sur l’histoire de l’Internationale aux États-Unis, notice qui fut publiée dans le Bulletin (n°s 3, 4, 6, 7 et 15 de 1873). Enfin, dans sa séance du 19 janvier 1873, le Conseil fédéral de Spring Street donna son adhésion au pacte de solidarité proposé par le Congrès anti-autoritaire de Saint-Imier.


Nos amis italiens avaient quitté Zürich le 23 septembre pour retourner dans leur pays, sauf Costa, qui séjourna encore quelques jours en Suisse, afin d’y prendre les mesures nécessaires pour la publication d’un journal, organe de la Fédération italienne ; le premier numéro de ce journal, la Rivoluzione sociale, s’imprima à Neuchâtel au commencement d’octobre ; mais ce numéro, dont je ne possède plus d’exemplaire, fut le seul, je crois, parce qu’on trouva trop difficile de faire entrer le journal en Italie.

La maladie de Pezza s’était aggravée ; notre pauvre ami, dont l’état était maintenant désespéré, fut transporté à Naples, où il devait s’éteindre doucement dans les premiers jours de 1873.

En novembre, les Sections internationales d’Italie furent invitées à envoyer des délégations à un grand meeting convoqué à Rome, au Colisée, pour une manifestation en faveur du suffrage universel ; elles refusèrent d’y participer, en déclarant que « leur politique était négative », et que « l’émancipation des travailleurs ne peut s’obtenir que par la fédération spontanée des forces ouvrières

  1. On le voit, c’est sur la Déclaration de la minorité du Congrès de la Haye, et non sur les résolutions du Congrès anti-autoritaire de Saint-lmier, que se fonde la Fédération jurassienne pour faire appel à la solidarité des autres Fédérations.