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librement constituées, et non par le moyen d’un gouvernement ou d’une constitution, de haut en bas » (résolution de la Section d’Imola, du 14 novembre 1872, signée par Andréa Costa, Paolo Renzi et Albo Albericci).

À la circulaire du Comité fédéral jurassien du 8 décembre, la Commission de correspondance de la Fédération italienne répondit, dans la seconde moitié de décembre, par une lettre disant : « Nous sommes plus décidés que jamais à suivre la voie que le Congrès de Saint-Imier a clairement tracée… Si le Conseil général de New York, usant des pouvoirs que lui ont conférés les intrigues de la Haye, essayait de suspendre la Fédération jurassienne, vous pouvez compter sur la solidarité que vos frères d’Italie ont affirmée à Saint-Imier… Vous n’avez pas besoin du placet d’un Comité quelconque : car l’Internationale est dans les masses ouvrières et non dans le cerveau de quelques hommes atteints de la maladie de l’autorité. » Cette lettre porte la signature de Costa.


Le Congrès ordinaire de la Fédération belge devait avoir lieu à Noël, à Bruxelles ; et on a vu que le Conseil fédéral espagnol avait convoqué un Congrès de la Fédération pour le 25 décembre à Cordoue. Ces deux Congrès furent d’éclatantes manifestations de la volonté des classes ouvrières organisées de maintenir le principe d’autonomie.

Voici les détails donnés par notre Bulletin au sujet du Congrès de la Fédération belge :


Le Congrès belge.

Les sections et fédérations suivantes étaient représentées à ce Congrès : la section de Gand ; la section d’Anvers ; la fédération de Bruxelles ; la fédération du bassin de Charleroi ; la fédération du Centre-Hainaut ; la fédération de Liège ; la fédération de la vallée de la Vesdre (Verviers).

Dans la première séance, le Conseil fédéral belge présenta son rapport sur la situation de la Fédération belge depuis le Congrès de la Haye. Ce rapport, après avoir rappelé la protestation signée au Congrès de la Haye par la minorité, formée des délégués hollandais, belges, anglais, américains, jurassiens et espagnols, ajoute : « Les déclarations les plus solennelles sont venues, de toutes les fédérations, ratifier la conduite énergique et digne de la minorité. Le triomphe, dont elle n’a jamais douté un seul instant, s’étend de jour en jour, rend le parti de l’anarchie, de l’autonomie et de la fédération plus compact, plus serré, plus uni que jamais, à la grande confusion des autoritaires, qui auraient voulu nous atteler au char de monsieur Karl Marx, leur maître. À la nouvelle de l’odieux coup d’État sorti triomphant d’une longue conspiration tramée au sein du Conseil général, qui a foulé aux pieds les plus sacrés de ses devoirs et de ses engagements pour faire prévaloir ses projets autoritaires et vaniteux, le Comité fédéral jurassien a convoqué immédiatement et à l’extraordinaire un Congrès à Saint-Imier, le 15 septembre dernier. »

Le rapport continue en citant le texte des résolutions votées par le Congrès jurassien, et mentionne des lettres exprimant les sentiments des internationaux espagnols et italiens ; il parle aussi d’une lettre que le Conseil fédéral belge a reçue du Conseil général de New York, « qui ne traduit d’un bout à l’autre qu’une étroite communauté d’idées autoritaires et disciplinaires de ses membres, en flagrante opposition avec nos principes anarchistes et décentralisateurs ».

Après la lecture de ce rapport, le Congrès belge a sanctionné à l’unanimité la protestation de la minorité de la Haye, et a voté une déclaration