Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/71

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de rupture avec le Conseil général et l’établissement d’un nouveau pacte fédératif, déclaration dont voici le texte :

« Le Congrès belge de l’Association internationale des travailleurs, tenu le 25 et le 26 décembre à Bruxelles, déclare nulles et non avenues les résolutions enlevées par une majorité factice au Congrès de la Haye, et ne les veut reconnaître, comme étant arbitraires, autoritaires et contraires à l’esprit de l’autonomie et aux principes fédéralistes.

« En conséquence, il procédera immédiatement à l’organisation d’un pacte fédératif et autonome entre toutes les fédérations régionales qui voudront y contribuer, et ne reconnaît en aucune façon le nouveau Conseil général de New York, qui nous a été imposé au Congrès de la Haye par une majorité factice et au mépris de tous les principes inscrits dans les statuts généraux. »

Sur la proposition du délégué de Verviers, un salut télégraphique fut adressé au Congrès espagnol réuni au même moment à Cordoue.

Dans la même séance eut lieu la discussion sur l’opportunité d’abolir l’institution d’un Conseil général. Le délégué de Verviers, celui du Centre-Hainaut, et Verrycken, du Conseil fédéral belge, se prononcèrent pour l’abolition, disant que les fédérations régionales peuvent très bien s’entendre sans ce lien fictif, et que des correspondances réciproques entre les diverses régions remplaceront aisément cette centralisation qui, en somme, peut en certaines occasions absorber au profit de quelques personnalités ambitieuses le mouvement économique de l’Internationale pour en neutraliser les tendances et l’esprit, et le lancer dans les aventures des révolutions politiques.

Par contre, les compagnons Brismée, De Paepe et Steens, tous trois du Conseil fédéral belge, et Warmotte, délégué du bassin de Charleroi, soutinrent l’indispensable nécessité de ce rouage administratif, dont le personnel ne doit être que l’exécuteur fidèle des résolutions votées aux Congrès ; il ne doit être revêtu d’aucun pouvoir, et, si jamais il essayait de contrevenir aux statuts ou de les éluder, il serait frappé de déchéance immédiate : de cette façon, il ne peut devenir un danger pour l’Internationale. Sans l’existence de ce Conseil, l’Internationale perdrait sa force de cohésion, son mouvement unitaire et son influence morale. Ces orateurs sont d’avis qu’il faut travailler immédiatement à l’organisation d’un pacte autonome et fédératif entre toutes les fédérations régionales qui veulent se donner la main et se prêter un mutuel appui, et procéder, en fin de cause, dans un prochain Congrès, à l’élection d’un Conseil fédéral européen.

L’Internationale, de Bruxelles, à qui nous empruntons l’analyse de cette discussion, ne nous dit pas si une résolution a été prise, soit dans le sens du maintien, soit dans celui de l’abolition du Conseil général.

Il est ensuite décidé que, dans les Congrès régionaux belges, le vote aura lieu, non plus par [tête de] délégués, mais par fédérations provinciales.

Puis le Congrès modifie l’organisation du Conseil fédéral belge, qui sera à l’avenir nommé, non par le Congrès, mais par les huit fédérations provinciales ; celles-ci éliront chacune deux membres du Conseil, l’un résidant dans la ville qui sera le siège du Conseil, l’autre habitant dans sa fédération. Le Conseil fédéral belge se trouvera ainsi composé de seize membres,