Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/89

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comme on s’écriait jadis : « À moi d’Auvergne ! » avec cette différence qu’autrefois c’était l’honneur qu’on appelait, et qu’aujourd’hui c’est la honte. Dentraygues, enfin, c’est le tiroir que l’on ouvre et dans lequel on trouve toutes les lettres de ceux qu’il a compromis ou dupés, tous les renseignements que l’on souhaite, et nous arrivons à cette conclusion douloureuse : Dentraygues est l’auxiliaire du ministère public. »

Mais assez sur ce chapitre !

Ce qui ressort du procès de Toulouse, ce n’est pas seulement le rôle infâme du fondé de pouvoirs de Marx et du Conseil général, mais la condamnation du système de l’organisation autoritaire dont Marx et le Conseil général sont les soutiens.

Ce qui a permis en effet à Dentraygues de livrer à la police rurale les organisateurs de l’Internationale dans le Midi de la France, c’est la fonction d’initiateur attribuée dans notre Association par le Congrès de la Haye à une autorité centrale.

Laissez la classe ouvrière, dans chaque pays, s’organiser anarchiquement, au mieux de ses intérêts, et les Dentraygues ne sont plus possibles :

1° Parce que les travailleurs de chaque localité se connaissent entre eux et ne seront jamais exposés à s’en remettre à un homme qui puisse les trahir, les vendre ;

2° Parce que, en admettant même que la confiance qu’ils ont placée en l’un des leurs ait été trompée, le traître, limité à sa seule section, ne pourra jamais livrer qu’une section aux policiers de la bourgeoisie.

L’autonomie des sections, des fédérations, n’est pas seulement l’esprit de l’Internationale, mais sa sécurité.

Que nos compagnons français, éclairés par l’expérience, y songent !

À vous et à la Révolution.

Jules Guesde.


C’est sur la dénonciation de Dentraygues que son collègue Van Heddeghem, fondé de pouvoirs du Conseil général à Paris, avait été arrêté. Voici ce que dit notre Bulletin de cet autre procès :


Venons au procès de Van Heddeghem dit Walter.

Ce dernier paraît avoir joui auprès des marxistes de moins de confiance que Dentraygues, parce qu’on le soupçonnait d’être sympathique aux blanquistes auteurs de la brochure Internationale et Révolution. Le sieur Serraillier lui avait écrit pour le sonder à ce sujet, en lui disant entre autres qu’on lui reprochait « d’avoir attaqué Marx, Lafargue et Serraillier dans des termes assez peu convenables ».

À l’audience. Van Heddeghem déclare qu’il a été la dupe des meneurs de l’Internationale, mais que, les ayant vus de près, il s’est promis de percer à jour leurs basses intrigues ; que dorénavant il n’a plus qu’une idée fixe, c’est d’écraser l’Internationale. Ce repentir touche M. le substitut du procureur de la République, qui demande les circonstances atténuantes ; aussi Van Heddeghem ne reçoit-il que deux ans de prison.

Sans prétendre excuser l’attitude du prévenu, nous devons avouer que son mépris pour la coterie marxiste ne nous étonne nullement.

Une lettre du prétendu Conseil général de New York, signée Sorge et adres-