Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/212

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doit être un État dans les États ; qu’elle laisse ceux-ci marcher à leur guise, jusqu’à ce que notre État soit le plus fort. Alors, sur les ruines de ceux-là, nous mettrons le nôtre, tout préparé, tout fait, tel qu’il existe dans chaque Section. Ôte-toi de là que je m’y mette, telle sera la question. » Six délégués, Robin (Belgique), Schwitzguébel (district de Courtelary), Robert (Chaux-de-Fonds), Murat (Paris), Dereure (Paris), et Langlois (Paris), dirent que, tout en ne croyant pas que la question eût la portée que lui attribuaient les auteurs de la proposition, ils pensaient que, devant l’insistance de ceux-ci, il ne fallait pas refuser l’introduction de cette question dans l’ordre du jour, pourvu qu’elle ne vînt qu’à la suite des cinq autres. Le Congrès vota à l’unanimité une proposition présentée par Fritz Robert, ainsi conçue :


Le Congrès s’occupera en premier lieu des cinq questions mises à l’ordre du jour par le Conseil général de Londres ; toute autre question sera discutée ensuite.


Puis il adopta, également à l’unanimité, la proposition suivante présentée par Gœgg :


Le Congrès accepte, comme question devant suivre immédiatement dans la discussion les cinq premières, celle de la législation directe exercée par le peuple.


Le Congrès n’ayant eu le temps de discuter que les trois premières des questions de son ordre du jour, la question de la législation directe se trouva de fait écartée.

Il existe un rapport de Henri Perret à ses commettants, daté du 23 octobre 1869, imprimé sous ce titre : Rapport du délégué aux Sections de la Fabrique de Genève (brochure de 24 pages, Genève, imprimerie Vaney). Voici comment ce délégué, dont le témoignage ne saurait être suspecté par les amis de Liebknecht et de Greulich, relate (p. 4) l’incident relatif à cette question :

« La discussion prenait une tournure irritante et ne finissait pas. Enfin on a fait observer, avec raison, qu’il fallait rentrer dans la question ; que la législation directe n’ayant pas été portée au programme du Congrès, que les Sections n’ayant pas pu l’étudier, elle ne devait pas être discutée. Ces raisons ont prévalu, et le Congrès a décidé que si, l’ordre du jour épuisé, il restait du temps disponible, on la discuterait en principe... Il est vrai qu’il était peu sensé de vouloir introduire en plein Congrès une nouvelle question, quand l’ordre du jour est déjà trop chargé. Malgré tout l’intérêt que pourrait présenter une question, elle doit être envoyée, avant le Congrès, au Conseil général. Ce fait ne doit plus se reproduire à l’avenir. »


2° Question de la propriété foncière.

Chaque membre du Congrès avait le droit de s’inscrire à l’une ou à l’autre des commissions. La Commission chargée de faire rapport sur la propriété foncière se trouva ainsi composée : cinq Français, Murat (Paris), Varlin (Paris), Langlois (Paris), Creusot (Sotteville-les-Rouen), Piéton (Elbeuf) ; cinq Allemands, Lessner (branches allemandes en Angleterre), Rittinghausen (Cologne), Hess (Berlin), Janasch (Magdebourg), Becker (Sections allemandes de la Suisse) ; un Anglais, Lucraft (délégué du Conseil général de Londres) ; un Suisse, Collin (Bâle) ; un Belge, De Paepe (Sections du bassin de Charleroi) ; un Espagnol, Sentiñon (Section de Barcelone et Section de l’Alliance de la démocratie socialiste de Genève).

La Commission, par dix voix contre quatre (celles de Murat, de Langlois, de Creusot et de Piéton), proposa au Congrès les deux résolutions déjà résumées dans l’article du Progrès reproduit ci-dessus, et dont voici le texte authentique d’après le procès-verbal :