Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/220

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Proposition du Conseil général.

Ont voté oui : Allemagne, Rittinghausen, Liebknecht, Hess, Krüger, Lessner, Gœgg ; Amérique, Cameron ; Angleterre, Applegarth, Cowell Stepney, Jung, Eccarius ; Autriche, Neumayer ; Belgique, Bastin ; Suisse allemande, Greulich, Frey, Bruhin, Leisinger, Quinch, Gutgerold : 19[1] ;

Ont voté non : Allemagne, Janasch ; Belgique, Hins, Robin, Brismée, De Paepe ; Espagne, Rafaël Farga-Pellicer ; France, Varlin, Franquin, Dereure, Tartaret, Bakounine, Bourseau, Outhier, Albert Richard, Louis Palix, Ch. Monier, Foureau, Tolain, Pindy, Chemalé, Fruneau, Dosbourg, Murat, Langlois, Aubry, Piéton ; Italie, Caporusso ; Suisse allemande, Starke ; Suisse française, Heng, Brosset, Jaillet, Fritz Robert, François Floquet, James Guillaume, Martinaud, Schwitzguébel, Gorgé : 87 ;

Se sont abstenus : Espagne, Sentiñon ; France, Landrin, Roussel, Mollin, Flahaut ; Suisse allemande, Collin[2] : 6 ;

Absents : Allemagne, Becker, Scherer, Würger, Spier ; Angleterre, Lucraft ; Autriche, Oberwinder ; France, Durand, Creusot ; Suisse allemande, Bürkly, Bohny, Holeiber ; Suisse française, Grosselin, H. Perret : 13.

Ni la proposition de la Commission, ni celle du Conseil général, n’avaient obtenu la majorité absolue, c’est-à-dire un nombre de oui supérieur à la moitié des votants. Ni l’une ni l’autre n’avait donc été adoptée. Mais si l’on considère non plus les votes affirmatifs, mais les votes négatifs, on voit, en ce qui concerne la proposition du Conseil général, que non seulement elle n’avait pas été adoptée, mais qu’elle avait été formellement rejetée, le nombre des non ayant été supérieur à la moitié des votants (37 non sur 62 votants). Cet échec fut particulièrement sensible à Marx : c’était la première fois que pareille chose lui arrivait dans un Congrès de l’Internationale, — ce qu’il traduisit, dans son for intérieur, et, plus tard, dans son pamphlet du 5 mars 1872, Les Prétendues scissions dans l’Internationale (circulaire privée du Conseil général), d’une façon bien caractéristique de la tournure de son esprit, en disant que « des moyens déloyaux furent employés à cette occasion, et cette fois-là seulement, dans un Congrès de l’Internationale[3] ».


4° Question des Sociétés de résistance.


La Commission chargée de faire rapport sur cette question était ainsi composée : neuf Français, Franquin (Paris), Flahaut (Paris), Fruneau

  1. On remarquera que cinq délégués qui ont voté oui sur la proposition du Conseil général avaient également volé oui sur celle de la Commission ; ces délégués, qui évidemment ne voyaient aucune différence essentielle entre les deux propositions, sont Rittinghausen, Krüger, Lessner, Neumayer et Bastin. Par contre, le délégué Gœgg, qui avait voté oui sur la proposition du Conseil général, déclara ensuite dans l’Égalité, comme on l’a vu, « qu’il n’avait pas voté pour l’abolition du droit d’héritage » : il avait donc interprété cette proposition du Conseil général comme impliquant le maintien du droit d’héritage, en opposition à celle de la Commission qui l’abolissait.
  2. Sentiñon et Collin s’abstinrent par un motif analogue à celui qui avait poussé cinq autres délégués à voter oui quoiqu’ils eussent déjà voté oui sur l’autre proposition. Sentiñon et Collin, partisans de l’abolition du droit d’héritage, avaient voté la proposition de la Commission ; comme la proposition du Conseil général, tout en formulant des conclusions pratiques auxquelles ils refusaient leur adhésion, leur paraissait impliquer l’abolition du droit d’héritage (et non le maintien de ce droit, comme le croyait l’incohérent Gœgg), ils ne voulurent pas voter non sur cette proposition, parce qu’un vote négatif aurait équivalu, à leurs yeux, à un vote en faveur du maintien du droit d’héritage ; en conséquence, ils ne pouvaient que s’abstenir.
  3. Dans une lettre du 12 juin 1872, publiée dans le Bulletin de la Fédération jurassienne du 15 juin 1872, Bakounine a raconté à ce sujet qu’à Bâle, après ce vote, Eccarius poussa, en sa présence, cette exclamation : « Marx wird sehr unzufrieden sein ! (Marx sera très mécontent ! ) »