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Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/221

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(Paris), Roussel (Paris), Chemalé (Paris), Pindy (Paris), Aubry (Rouen), Outhier (Lyon), Bourseau (Lyon) ; cinq Suisses, Schwitzguébel (district de Courtelary), Floquet (Locle), Jaillet (Lausanne), H. Perret (Genève), Brosset (Genève) ; un Allemand, Liebknecht ; un Belge, Hins ; un Espagnol, Rafaël Farga-Pellicer.

Les membres de la Commission se mirent facilement d'accord. Ce fut Pindy qui présenta le rapport au Congrès, le samedi matin. Rédigé avec la collaboration évidente de Hins, ce rapport indiquait, tant de l'organisation des travailleurs dans la société actuelle, en vue de la résistance, que de l'organisation du travail dans la société future, une conception fédéraliste intéressante à noter. Il disait :


Nous concevons deux modes de groupement pour les travailleurs. D'abord un groupement local qui permet aux travailleurs d'un même lieu d'entretenir des relations journalières ; puis un groupement entre les différentes localités, bassins, contrées, etc.[1] Ce premier mode de groupement correspond aux relations politiques de la société actuelle, qu'il remplace avantageusement : il a été jusqu'ici le mode employé par l'Association internationale des travailleurs.

Mais à mesure que l'industrie s'agrandit, un autre mode de groupement devient nécessaire simultanément avec le premier. Les ouvriers, dans tous les pays, sentent que leurs intérêts sont solidaires, et qu'on les écrase l'un par l'autre. D'un autre côté, l'avenir réclame une organisation qui sorte de l'enceinte des villes, et, ne connaissant plus de frontière, établisse une vaste répartition du travail d'un bout du monde à l'autre ;.... il faut que chaque corps de métier entretienne un échange de correspondances et de renseignements dans le pays et avec les autres nations... Ce mode de groupement devient un agent de décentralisation, car il ne s'agit plus d'établir dans chaque pays [une capitale unique[2],] un centre commun à toutes les industries, mais chacune aura pour centre la localité où elle est le plus développée : par exemple, pour la France, tandis que les bouilleurs se fédéreraient autour de Saint-Étienne, les ouvriers en soieries le feraient autour de Lyon, comme les industries de luxe autour de Paris.

Une fois ces deux groupements opérés, le travail s'organise pour le présent et pour l'avenir... Le groupement des différentes corporations par ville forme la commune de l'avenir, de même que l'autre mode forme la représentation ouvrière de l'avenir. Le gouvernement est remplacé par les conseils des corps de métier réunis, et par un comité de leurs délégués respectifs, réglant les rapports du travail qui remplaceront la politique.


La résolution présentée par la Commission était ainsi conçue :


Le Congrès est d'avis que tous les travailleurs doivent s'occuper activement à créer des caisses de résistance dans les différents corps de métier.

  1. Cette phrase, mal rédigée, n'est pas claire. On pourrait croire, au premier abord, qu'elle énumère les deux modes de groupement mentionnés dans la phrase de début, et que ces deux modes seraient : 1° le groupement local ; 2° le groupement des localités par bassins et contrées ; tandis qu'au contraire le rédacteur n'a voulu définir ici que le premier mode de groupement, qui, prenant pour base la commune ouvrière, le groupe local, fédère de proche en proche les localités entre elles, par bassins, par contrées, jusqu'à ce qu'il embrasse un pays entier.
  2. J'ajoute les trois mots entre crochets pour la clarté du sens.