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Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/267

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les amis de Schweitzer, ceux que M. Liebknecht représentait comme vendus à la réaction, adoptent en plein les résolutions du Congrès de Bâle, entre autres celle relative à la propriété collective ; ils déclarent dans leur journal, le Sozial-Demokrat, que leur programme est celui de l'Association internationale, et qu'ils sont d'accord avec elle sur tous les points. Ils représentent M. Liebknecht comme un bourgeois cherchant à égarer les ouvriers et à les désunir, et ils protestent de toute leur force contre les calomnies dont Schweitzer a été l'objet de sa part.

Que faut-il croire ? Comment démêler nos véritables amis au milieu de ce chassé-croisé d'accusations réciproques et de démentis ? Il nous semble qu'il serait du devoir du Conseil général de notre Association d'intervenir, d'ouvrir une enquête, sur ce qui se passe en Allemagne, de prononcer entre Schweitzer et Liebknecht, et de faire cesser par là l'incertitude où nous jette cette étrange situation.


Dans le numéro suivant du Progrès (no 26, 12 décembre), je reproduisais, le même jour que l’Égalité, le manifeste du Conseil général relatif aux fénians ; mais, bien loin de le désapprouver, j'en parlais en ces termes :


Nous recevons de notre Conseil général à Londres la pièce suivante, qui exprime envers les socialistes irlandais, les fénians, une sympathie à laquelle nous nous associons en plein ;


Et je motivais ensuite cette sympathie en expliquant que les fénians voulaient « proclamer en Irlande la république démocratique et sociale fondée sur la propriété collective du sol ».

Dans ce même numéro, le Progrès commençait la publication du Rapport du Conseil général au Congrès de Bâle, que j'avais traduit moi-même sur le texte anglais inséré dans un Compte-rendu du Congrès que le Conseil général venait de publier à Londres.


Deux autres incidents, dus à l'humeur batailleuse et au manque de tact de Robin, achevèrent de gâter les affaires à Genève et de préparer la crise qui allait diviser la Fédération romande : une sotte querelle cherchée à Duval, une querelle plus sotte encore cherchée à Wæhry. Les récriminations intempestives et injustes à l'adresse du Conseil général devaient nous brouiller avec Marx ; les noises avec Duval et Wœhry allaient livrer l’Égalité aux mains d'Outine.

L’Égalité avait commencé le 6 novembre (no 42) la publication d'un Historique de la Société des menuisiers de Genève. Dans le numéro du 27 novembre, elle interrompit cette publication sur une phrase qui disait : « Il ne nous reste plus qu'à parler de la récente grève des ouvriers de la fabrique de MM. Camps et Cie » ; et la rédaction fit suivre cette phrase de l'observation que voici : « Les renseignements que devait nous fournir sur cette grève le comité des menuisiers ne nous sont pas encore parvenus. Nous engageons les ouvriers qui s'intéressent à ces notices à blâmer fortement la négligence de leur comité. » C'était Duval qui était président de ce comité : on juge s'il fut satisfait de la publication d'une note semblable. Robin laissa passer quinze jours ; puis, comme la suite de l’Historique ne lui avait pas été envoyée, il récidiva ; l’Égalité du 11 décembre (no 47) publia, en tête de la colonne des avis, la réclamation que voici : « Réclamation au comité des menuisiers. La rédaction n'a pas encore reçu les documents, promis depuis plus d'un mois, pour terminer le travail commencé sur l'historique de votre société. » Quand Robin était agacé, rien ne pouvait le retenir ; les documents n'arrivant toujours pas, il lança une troisième mise en demeure ; le 18 décembre (no 48), l’Égalité imprimait ceci : « Réclamation. La rédaction n'a rien reçu du comité des menuisiers.