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Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/275

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de communisme ayant gardé quelque chose de défavorable, à cause de l'emploi qui en avait été fait, les Sections de l'Internationale ont généralement préféré, pour désigner la doctrine socialiste qui veut que la terre et les instruments de travail soient propriété commune, le mot nouveau de collectivisme.

Dans les sociétés ouvrières de Paris, l'expression nouvelle paraît n'avoir pas encore fait fortune, et on s'en tient généralement au terme ancien de communisme, mais en lui donnant une signification qui, bien différente de celle qu'y attachaient les autoritaires de 1848, répond exactement à celle que nous donnons au mot collectivisme.


L'année 1870 paraissait s'ouvrir sous d'heureux auspices. Nos amis de France étaient pleins d'ardeur et d'espoir, et nos cœurs battaient à l'unisson des leurs. L’Égalité, dans son n° du 1er janvier, saluait la nouvelle année en disant : « Que l'organisation générale de l'Internationale s'active, et que bientôt, par elle, dans tout l'univers, le règne de la Justice prenne la place de tous les despotismes écrasés ! » — et le Conseil de rédaction publiait en tête du journal la déclaration suivante :


« Le Conseil de rédaction aux abonnés.

« Au moment où notre journal entre plein de vigueur et d'avenir dans la deuxième année de son existence, les soussignés, membres du Conseil de rédaction, croient de leur devoir, pour éviter toute erreur au sujet de la rédaction de notre journal, de déclarer :

« 1° Que pendant l'année écoulée le Conseil a eu régulièrement, sans interruption, ses séances hebdomadaires ;

« 2° Que tous les articles parus dans l'organe officiel de nos Sections ont été discutés dans ces séances et admis par ledit Conseil ;

« 3° Que s'ils ont à continuer la rédaction de l'Égalité jusqu'au Congrès romand, ils lui maintiendront la marche qui lui est imprimée aujourd'hui et l'unité de vues résultant du parlait accord des membres du Conseil de rédaction soussignés,

« Ch. Perron, Dutoit, A. Lindegger, Ph. Becker, P. Robin, Pinier. »


On remarquera qu'à ces signatures il manquait celles de Wæhry et de Paillard.

XIV.


Bakounine à Locarno (novembre-mars) ; la traduction du Kapital ; retour de Netchaief (Janvier). La « Communication privée » du Conseil général de Londres (1er janvier 1870). Démission de la rédaction de l’Égalité (3 janvier) ; Outine et Wæhry s'emparent du journal. La situation à Paris ; journée du 12 janvier. Robin quitte Genève pour Paris (février). Poursuites contre Netchaïef ; articles du Progrès (5 et 19 février, 5 mars). Les rapports deviennent tendus entre Genève et les Montagnes. Bakounine se rend à Genève pour les affaires russes (12 mars). Assemblée de Lyon (13 mars). Convocation du Congrès romand pour le 4 avril à la Chaux-de-Fonds ; on se prépare de part et d'autre à la lutte. La Confidentielle Mittheilung de Marx (26 mars). Dernier article du Progrès (2 avril).


En quittant Genève, Bakounine s'était rendu à Lugano ; mais comme Mazzini séjournait dans cette ville, les réfugiés italiens de son entourage engagèrent Bakounine à se fixer de préférence à Locarno : il suivit ce conseil, et loua, pour le prix de cinquante-cinq francs par mois (lettre à Ogaref), un appartement meublé dans la maison de la veuve Teresa Pedrazzini. Ainsi qu'on l'a vu par la lettre qu'il m'avait écrite le 3 octobre, il ne voulait pas qu'on sût où il était, et il ne donna son adresse qu'à de