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Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/313

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triel ; le Conseil général devait se débarrasser du contrôle direct sur l'Angleterre, et faire instituer à côté de lui un Comité central anglais, qui s'occuperait des affaires anglaises ; les résolutions du Conseil général au sujet des prisonniers fénians étaient une transgression de ses fonctions, attendu qu'il ne devait pas se mêler des questions de politique locale[1]. Le Progrès et l’Égalité, de plus, prirent parti pour Schweitzer, et sommèrent catégoriquement le Conseil général de se prononcer officiellement et publiquement[2] sur la question Liebknecht-Schweitzer. Le journal le Travail (de Paris), où les amis parisiens de Schweitzer faisaient passer des articles en sa faveur, recevait à ce sujet les éloges du Progrès et de l’Égalité, et cette dernière l'invitait à faire cause commune contre le Conseil général[3]. Le moment était arrivé, par conséquent, où il fallait intervenir. La pièce ci-jointe est la copie textuelle de la missive du Conseil général au Comité central romand de Genève. Le document est trop long pour le traduire en allemand.


[Ici Marx a placé la « Communication privée » (du 1er janvier 1870) adressée au Comité fédéral romand le 16 janvier, qui a été reproduite plus haut p. 263 ; Marx l'envoyait en français à son correspondant ; la Neue Zeit, au lieu de la reproduire dans cette langue, l'a donnée en traduction allemande.

Marx continue ensuite en ces termes :]


Les Comités français (bien que Bakounine eût fortement intrigué à Lyon et Marseille et eût gagné quelques jeunes cerveaux brûlés) de même que le Conseil général belge (Bruxelles) se sont déclarés complètement d'accord avec ce rescrit [Rescript] du Conseil général.

La copie pour Genève (parce que le secrétaire pour la Suisse, Jung, était très occupé) fut un peu retardée. Elle se croisa, par suite, avec une lettre officielle de Perret, secrétaire du Comité central romand de Genève, au Conseil général. Voici ce qui s'était passé. La crise avait éclaté à Genève avant l'arrivée de notre lettre. Quelques rédacteurs de l’Égalité s'étaient opposés à la direction dictée par Bakounine. Celui-ci[4] et ses partisans (dont six rédacteurs de l’Égalité[5]) voulaient forcer le Comité central de Genève à éloigner les récalcitrants. Mais le Comité de Genève était depuis longtemps fatigué du despotisme de Bakounine ; il était mécontent de se voir mis par lui en opposition aux Comités de la Suisse allemande, au Conseil général, etc. Il confirma donc tout au contraire dans leurs fonctions les rédacteurs de l’Égalité qui déplaisaient à Bakounine.

  1. L’Égalité n'a rien dit de semblable au sujet des fénians, et le Progrès a fait l'éloge des résolutions du Conseil.
  2. En français dans le texte.
  3. Absolument inexact. Le Progrès, on l'a vu, n'a jamais parlé du Travail. L’Égalité a constaté que le Travail avait publié une correspondance en faveur de M. de Schweitzer, mais ne l'en a point loué, et l'a engagé à demander, comme le Progrès et comme elle-même, « l'avis éclairé et impartial du Conseil général ». Combien la haine est aveugle !
  4. Bakounine ne savait rien de ce qui se passait à Genève ; il s'occupait à Locarno à traduire Das Kapital, sans se douter que l'auteur de ce livre lui prêtait de si noires intrigues.
  5. Sept membres (sur neuf) du Conseil de rédaction, et non pas six, donnèrent leur démission. Mais Becker étant, depuis, venu à résipiscence. Marx veut sans doute ignorer les fautes du pécheur repenti.