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Auguste Spichiger, Paul Quartier et Charles Ducommun, du Locle[1].

La rédaction de l’Égalité n’a pas rendu ses comptes non plus. Le Congrès, modifiant le titre de l’organe fédéral pour éviter des chicanes puériles[2] a décidé que le journal porterait le titre de la Solidarité, et il en a confié la rédaction à James Guillaume, de Neuchâtel, auquel ont été adjoints, comme collaborateurs, Schwitzguébel et Cagnon, du Val de Saint-Imier, Perron et Joukovsky, de Genève, Fritz Robert, de la Chaux-de-Fonds, et Ch. Monnier, du Locle.

Tels sont, brièvement résumés, les actes du Congrès romand de la Chaux-de-Fonds. Nous laissons maintenant la parole aux résolutions et aux procès-verbaux, qui feront connaître, mieux que tous les plaidoyers, l’esprit qui animait les délégués de la majorité et les principes des Sections qui les ont envoyés.


Avant de reproduire le texte des résolutions de notre Congrès, — le Congrès collectiviste, — je voudrais, sans entrer dans le détail, faire connaître quelques-unes des paroles qui furent dites le 4 avril, dans ce débat sur l’admission de la Section de l’Alliance qui aboutit à la scission. Je les emprunterai non à notre procès-verbal, mais au compte-rendu hostile et partial publié par l’Égalité et rédigé par M. Outine lui-même.

Voici des extraits du réquisitoire prononcé par Outine contre Bakounine :

« Outine… Toujours et partout Bakounine vient prêcher ses funestes doctrines qui tendent à établir une dictature personnelle et étrangère à la classe ouvrière pour guider les ouvriers vers leur affranchissement… C’est une douleur inexprimable, une tristesse profonde que je ressens, en songeant aux victimes irréparables et au préjudice grave que Bakounine a porté à la cause révolutionnaire et socialiste en Russie… Je m’abstiens de vous traduire ses proclamations[3], où les procédés les plus infâmes sont prêchés envers les adeptes du jeune parti révolutionnaire qui ne veulent avoir rien de commun avec lui, et où la dictature personnelle la plus révoltante est proclamée[4]… Bakounine, dans ses proclamations russes, déclare hautement que pour lui il n’existe ni foi ni loi, en ce qui concerne ses menées soi-disant révolutionnaires, ni justice, ni morale, et

  1. La minorité scissionnaire nomma de son côté un nouveau Comité fédéral, dont elle plaça le siège à Genève ; les sept membres de ce Comité furent P. Chenaz, Th. Duval, L. Martin, Napoléon Perret, Tellier, B. Rosselli, et Jules Dutoit, secrétaire. Henri Perret n’en faisait pas partie ; il y avait une raison, comme on le verra plus loin (p. 46, note 3), pour qu’il restât momentanément à l’écart : on avait besoin de son nom pour prolonger fictivement l’existence de l’ancien Comité, afin que le Conseil général pût se donner l’apparence de la neutralité en correspondant avec l’ancien secrétaire Henri Perret, et non avec le nouveau secrétaire Dutoit.
  2. Il était à prévoir que les Sections scissionnaires continueraient la publication de l’Égalité, d’où notre décision.
  3. Ce qu’Outine appelle les « proclamations russes » de Bakounine, ce sont à la fois les opuscules écrits en russe par Bakounine lui même (les Quelques paroles à nos jeunes frères de Russie, l’appel Aux officiers de l’armée russe, et ceux qui sont l’œuvre personnelle de Netchaïef (les Principes de la révolution, les n° 1 et 2 des Publications de la Société la Justice du Peuple, l’appel À la noblesse russe). L’équité commande de ne pas les confondre.
  4. Il s’agit évidemment de passages de l’écrit (russe) Les Principes de la révolution (août 1869), œuvre de Netchaïef seul. Un de ces passages contient une menace à l’adresse de « certains bavards » que l’on se promet de « faire taire par la force » ; Netchaïef ajoute plus loin : « Celui qui ne se mettra pas dans les rangs des hommes d’action, il ne tiendra pas à nous qu’il ne soit perdu ; et de même il ne tiendra pas à nous que tous ceux qui se cachent derrière les coulisses ne soient anéantis froidement, impitoyablement, avec les coulisses qui les cachent ».