Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/341

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Bien que le Congrès romand eût été brutalement expulsé du Cercle, et que la minorité, loin de faire entendre aucune protestation contre ce procédé, se fût associée aux injures dont ses amis avaient accablé le Congrès, les délégués de la majorité, animés d’un véritable esprit international, cherchèrent immédiatement à amener une conciliation.


[Suit le récit des tentatives qui furent faites dans la journée du mardi pour engager les scissionnaires à reprendre leur place au Congrès. Je ne reproduis pas ici le texte des lettres échangées. Les négociations n’aboutirent pas. Une dernière lettre, dans laquelle nous invitions encore une fois « les délégués qui se sont retirés » à prouver « qu’ils étaient animés comme nous d’un désir sincère de conciliation », en venant « reprendre leurs sièges au Congrès romand, qui est réuni au café Vonkænel, rue du Stand », n’eut pas même les honneurs d’une discussion. « La minorité, fanatisée par quelques meneurs, et montrant clairement qu’elle voulait non la conciliation, mais la domination, accueillit cette lettre par des éclats de rire et passa à l’ordre du jour. » L’article de la Solidarité continue en ces termes :]


La séparation se trouva ainsi consommée[1]. Il ne restait au Congrès romand qu’une chose à faire : c’était de continuer ses travaux et de s’occuper de son ordre du jour. Dans les quatre séances qui remplirent les journées du mardi et du mercredi 5 et 6 avril, toutes les questions du programme furent discutées, et on trouvera plus loin les résolutions prises, qui furent toutes votées à l’unanimité.

Arrivé à la fin de ses travaux, le Congrès n’avait plus qu’à s’occuper de la nomination du Comité fédéral, et de la rédaction de l’organe de la Fédération romande.

L’ancien Comité fédéral n’ayant pas rendu ses comptes, une protestation a été envoyée à Londres contre sa conduite[2]. Le nouveau Comité fédéral a été placé à la Chaux-de-Fonds, et ses membres ont été pris dans les Sections, très voisines les unes des autres, de la Chaux-de-Fonds et du Locle. Il se compose des compagnons Chevalley, Fritz Heng, Fritz Robert, Numa Brandt, de la Chaux-de-Fonds,

    d’envoyer leurs délégués siéger au Congrès anti-collectiviste (ce furent Fuhrer et Otterstætter, des guillocheurs ; Durafour et Juvet, des faiseurs de secrets en argent ; Rufener et Strehler, des charpentiers et menuisiers. En outre, deux nouveaux délégués de Genève, appelés par télégramme, vinrent renforcer les rangs de leurs collègues (Piguet, de la Section des faiseurs de pièces à musique ; Kreppaz, de la Section des tailleurs de pierre et maçons). Coullery, qui ne siégea que le mardi, fut remplacé après son départ par Ulysse Dubois. Le Congrès anti-collectiviste se trouva de la sorte réunir en fin de compte un chiffre de vingt-huit délégués, dont un, Baumann (le mandataire infidèle des monteurs de bottes du Vignoble neuchâtelois) n’avait pas le droit de siéger.

  1. Le 5 avril, au lendemain de la scission, « un télégramme de Genève, envoyé au nom des trente Sections de Genève, était venu approuver la conduite des délégués genevois ; il sera intéressant d’ajouter que ce télégramme avait été expédié par une réunion du Comité cantonal, réunion à laquelle assistaient quatre membres de ce Comité sur soixante, et sans que les Sections eussent été le moins du monde consultées. » (Mémoire de la Fédération Jurassienne, p. 127.)
  2. Dans la séance du lundi après midi, avant la scission, une Commission de cinq membres avait été nommée pour la vérification des comptes du Comité fédéral. Ces cinq membres étaient : James Guillaume (28 voix sur 37 votants), Treyvaud (25 voix), Rossier et Baumgartner (chacun 23 voix), Tombet (22 voix). La majorité de cette Commission (dont deux membres seulement, Baumgartner et Tombet, appartenaient à la minorité du Congrès) invita le mardi matin par lettre le président du Comité fédéral, Guétat, à « s’entendre avec elle pour que le travail de vérification pût se faire sans retard » : Guétat ne daigna pas répondre.