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exploiteurs, capitalistes, prêtres et aventuriers politiques ». La protestation était signée des noms suivants : Ansel, Berthomieu, Bertin, Boyer, Chaillou, Chalain, Chaudey, Cirode, Combault, Dambrun, Delacour, Dupont, Durand, Durieux, Duval, Fournaise, Fränkel, Franquin, Giot, Haucke, Langevin, Malzieux, Mangold, Marret, Ménard, Pagnerre, Portalier, Keynier, Rivière, Robin, Rochat ; elle avait été rédigée par Robin.

Robin m'écrivit de Paris, le, 3 mai : « Je suis encore là pour te répondre, je ne suis pas arrêté. Le triple ou quadruple complot dont la police s'est réservé la découverte au moment opportun est une manœuvre plébiscitaire. Ces gens-là jouent leur va-tout. Il y a encore tant d'imbéciles que cela fera quelque effet, mais malgré tout leur étoile pâlit. Dans la Marseillaise de demain, tu verras le démenti rédigé par le Conseil fédéral parisien et que nous avons tous signé. » (Solidaritédu 7 mai.) De Lyon, un membre de l'Internationale, Charvet, m'adressa la lettre suivante, le 2 mai : « Toute la Commission internationale a été arrêtée ; ils ont tout saisi, livres, papiers, cartes et le timbre. Nous ne sommes pas découragés pour cela ; nous avons nommé immédiatement une nouvelle Commission, mais nous n'avons pas les adresses des correspondants, surtout de Londres. Nous sommes ailés chez le citoyen X…, il nous a donné la vôtre ; veuillez, je vous prie, me les envoyer par le retour du courrier. » (Solidarité du 7 mai.) Je trouve dans un volume d'Oscar Testut ma réponse à Charvet, saisie plus tard chez lui ; la voici, datée du 5 mai :


« Amis de Lyon, ne perdez pas courage ; c'est le moment de se montrer fermes. En reconstituant une nouvelle Commission, vous avez prouvé que vous êtes des hommes dignes de tenir le drapeau de l'Internationale. Nous sommes avec vous de cœur, en attendant le moment, peut-être prochain, où nous pourrons vous aider d'une autre manière. Voici les adresses des correspondants : Pour le Conseil général, Hermann Jung, 6, Charles Street, Londres ; pour la Belgique, Eugène Hins, rue des Alexiens, 13, Bruxelles ; pour l'Espagne, G. Sentiñon. rue Giralt-Pellicer, 5, piso 2e, Barcelone ; pour Genève, Charles Perron, rue du Cendrier, 8. Si vous voulez écrire au Conseil fédéral parisien, adressez votre lettre ainsi : Mademoiselle Delesalle, rue Monge, 95…. Des amis qui sont arrivés hier de Paris m'ont affirmé qu'on s'attend à un mouvement à Paris pour le jour du vote, dimanche. »


Le plébiscite passé, le gouvernement impérial remit en liberté une partie des socialistes arrêtés, en se réservant toutefois d'en poursuivre un certain nombre devant ses juges.


J'eus à traiter à ce moment, dans la Solidarité, de la « question politique », pour mettre en lumière la conception qui était la nôtre et répondre aux objections qui nous étaient présentées. Voici trois articles sur ce sujet, parus dans les numéros des 30 avril et 7 mai :


La question politique.
(Solidarité du 30 avril 1870.)

[1] Examinons la question de plus près, et prenons un exemple pour mieux préciser nos idées. Nous choisirons Genève.

Pour les ouvriers genevois, il y a deux alternatives : se mêler de politique locale, chercher à faire passer quelques-uns des leurs dans

  1. La première partie de l'article, que je ne reproduis pas, cite et commente un passage d'un article de l’Égalité du 4 décembre 1869, contenant un extrait du journal la Liberté (voir t. Ier, p. 240, dans lequel est combattue « la tendance funeste des travailleurs à introduire quelques-uns des leurs dans les gouvernements actuels ».