Aller au contenu

Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/463

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seille : « Naturellement j’ai accepté. En fondant le récit de Bastelica avec le tien, nous aurons quelque chose de plus complet ; et, comme nous sommes avertis, nous contrôlerons ce qui, dans le récit de Bastelica, a besoin de l’être... J’ai déjà imprimé ton introduction[1]. »


Vers la fin de février arriva enfin la réponse de Varlin à ma lettre du 1er. La voici[2] :


Paris, le 20 février 1871.

Mon cher Guillaume, On me communique à l’instant votre lettre ; je m’empresse d’y répondre, afin de vous rassurer sur nos existences. Tous les internationaux avee lesquels vous avez pu être en relations sont encore vivants ; ceux de nos amis qui ont été tués ou blessés, je ne crois pas que vous les connaissiez, si ce n’est P..., qui d’ailleurs n’a été que blessé légèrement ; il va complètement mieux.

Malon et Tolain sont à Bordeaux comme représentants du peuple ; ils ont une rude tâche à remplir dans une aussi triste assemblée.

Ici, nous aurions voulu que la province continuât la lutte à outrance ; nos amis révolutionnaires seraient allés, par tous les moyens possibles, rejoindre Garibaldi et ses valeureux soldats. Mais nous n’osons plus espérer cela. Je ne suis pas bien sûr que nos lettres parviennent sûrement et sans être lues, aussi je crois que nous devrons ajourner les renseignements détaillés que nous aurions à échanger entre nous. Je me contenterai pour aujourd’hui de vous dire que nous avons fait notre devoir à toutes les occasions, et si les traîtres Trochu, Favre et consorts ont réussi à nous livrer après nous avoir vendus depuis longtemps, ce n’est certes pas notre faute, mais bien celle des Parisiens qui ont persisté aveuglément jusqu’au dernier jour à croire en la parole de ces avocats qui, dans toutes leurs proclamations, jusqu’à l’avant-veille de la capitulation, affirmaient constamment qu’ils voulaient combattre et vaincre ou mourir, tandis que dès le premier jour ils n’avaient songé qu’à capituler.

Votre lettre me fait espérer que nos amis de Lyon, Marseille et les départements du Midi sont sains et saufs : j’en suis heureux. À bientôt. Cordiales poignées de main aux amis.

E. Varlin.
8, rue Larrey, à la Marmite.

P. S. Votre lettre en date du 1er février n’est arrivée qu’aujourd’hui 20 février.


Cependant les listes d’abonnés pour la Solidarité ne se remplissaient que très lentement. La nécessité d’avoir un journal à nous se faisant sentir chaque jour davantage, quelques membres prirent l’initiative d’une assemblée des Sections montagnardes, « sorte de Landsgemeinde », comme disait une lettre de Saint-Imier, qui eut lieu le 26 février à la Chaux-de-Fonds. On y résolut de constituer une société garante de l’existence du journal ; un comité formé à Genève par les soins de Joukovsky fut chargé de l’administration et de la publication, et une commission choisie dans le sein de la Section du district du Courtelary dut prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la prompte réapparition du journal et la constitution immédiate de la société des garants.

  1. Cette introduction est perdue. Le mot « imprimé » est mis pour « composé ».
  2. Je l’ai publiée dans le Mémoire de la Fédération jurassienne, p. 190.