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Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/558

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châtel ; il y était venu rendre visite au vannier Gaffiot, chez lequel il projetait d’entrer en apprentissage.

Dans une lettre écrite, de la gare des Convers, à un correspondant de Genève[1], le lendemain 30, Joukovsky dit :

« Hier nous avons délibéré [à Neuchâtel] jusqu’à six heures du soir. Malon, Gaffiot, Baslelica, Guillaume et deux autres membres de la Section ont pris part à la discussion. Guillaume s’est mis nettement de notre côté. Malon croit que nos résolutions sont excellentes, seulement, selon lui, elles arrivent quinze jours trop tôt. Il faut, dit il, avoir tout le droit pour nous, il faut que Londres nous réponde un oui ou un non. Bastelica croit, à son tour, que notre résolution ne peut avoir de valeur qu’en tant qu’il se trouvera des Fédérations adhérant à nos considérants.

« Je crois avoir convaincu mes compagnons que, dans la lutte qui s’engage, nous n’avons plus rien à attendre. Le Comité fédéral de Saint-Imier prendra, je crois, une résolution complètement conforme à la nôtre. Toutefois sa résolution ne peut être autre chose qu’une proposition de sa part à toutes les Sections de la Fédération. Nos vingt Sections seront représentées à notre prochain Congrès régional[2]. Supposons que les délégués votent nos propositions à l’unanimité. Dans ce cas, le Comité fédéral fait une circulaire à toutes les Sections de l’Association internationale ; outre ça il faut envoyer un délégué en Espagne[3], un en Belgique. Il faut également se mettre au courant des affaires en Allemagne.

« Les réfugiés français qui se trouvent à Londres ont fondé une Section qui, comme nous, est rejetée par le Conseil général[4]. Serraillier et Vaillant sont les deux qui restent avec Marx.

  1. Ce correspondant est probablement Deshusses, qui avait été membre de la Section de l’Alliance et qui avait rempli les fonctions de président dans la séance de la Section de propagande du 23 septembre. Cela expliquerait les expressions « nos vingt Sections », « notre prochain Congrès régional », que Joukovsky ne pouvait employer qu’en s’adressant à un ancien membre de notre Fédération, et non en écrivant à un réfugié de la Commune.
  2. Joukovsky parle comme s’il eût encore fait partie de notre Fédération, quoique, par la dissolution de la Section de l’Alliance, lui et les membres de cette ex-Section eussent cessé d’être membres effectifs de la Fédération romande.
  3. Un entrefilet paru dans la Federación de Barcelone du 19 novembre (et reproduit dans la Révolution sociale du 23 novembre) montre qu’en effet, dans la première quinzaine de novembre, — avant le Congrès de Sonvillier, ou du moins, en tout cas, avant que la nouvelle des résolutions votées par ce Congrès fût parvenue en Espagne, — un délégué de la Section de propagande de Genève se trouvait dans cette ville (c’était probablement un proscrit français, réfugié à Barcelone, qui s’était affilié à la Section de Genève). Voici ce que disait la Federación : « Nous sommes heureux de la visite que vient de nous faire le délégué de la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève. Nous sommes entièrement satisfaits du radicalisme ainsi que de la netteté des principes que cette Section professe ; les Sections d’Espagne professent les mêmes principes. Par conséquent nous acceptons la fédération que la Section nous propose, et nous désirons voir arriver le moment où cette fédération deviendra un fait accompli. »
  4. Cette Section, qui s’était donné le nom de « Section française de 1871 », avait été fondée le 28 septembre 1871. Il est probable que c’est par Malon ou par Bastelica que Joukovsky venait d’en apprendre l’existence. Je ne sais pas si à cette date la Section française de 1871 avait déjà reçu du Conseil général la notification du rejet de sa demande d’admission ; il n’est pas nécessaire de le supposer, car Joukovsky ajoute les mots « comme nous », et pourtant le 30 octobre la Section de propagande attendait encore la réponse du Conseil général.