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Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/602

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Ceci me ramène à l’Italie. Nos amis, dans ce pays, continuaient à travailler avec ardeur à la propagande, et gagnaient tous les jours du terrain sur les mazziniens. Au commencement de février, notre vaillant camarade Vincenzo Pezza fonda un petit journal, le Martello, organe du « Circolo operaio » de Milan ; le Martello n’eut que quatre numéros, qui furent tous les quatre saisis ; mais, dans sa courte existence, il exerça une action décisive, et son ardeur gagna à la cause anti-autoritaire nombre d’hésitants. Une Section italienne de Genève, ayant son siège au Temple-Unique et inspirée par Outine, avait essayé de contrecarrer notre propagande en rédigeant une « Adresse aux Sections italiennes », que publia l’Égalité du 28 janvier ; elle nous accusait de provoquer aux haines de races, d’insinuer que « la race allemande cherchait à dominer dans l’Internationale la race latine », ajoutant « qu’il était du devoir de tout sociétaire de signaler les noms de ceux qui répandent de pareilles calomnies » ; les membres de la Fédération jurassienne, les signataires de la circulaire du Congrès de Sonvillier, étaient appelés : « quelques citoyens dont la Fédération romande a repoussé les dangereuses menées, et qui pour la plupart sont bourgeois ». Cette fois, ce fut la Campana de Naples, la sage et modérée Campana, qui se chargea de répondre ; et elle le fit en termes toujours conciliants, mais avec fermeté : « Nous avons été péniblement surpris — écrivit-elle — d’entendre nos frères de Genève parler de dangereuses menées, de bourgeois et de calomnies à propos d’un Congrès régional tenu par des Sections qui ont bien mérité de la cause, et soutenu de l’approbation d’un très grand nombre de Sections de divers pays. Ces Sections croient que le Conseil général a eu tort. Pourquoi crier à la calomnie ? Est ce que par hasard nous aurions parmi nous des papes infaillibles ?... Dans notre dernier numéro, nous recommandions la tolérance à nos frères de Genève ; le numéro du 28 janvier de l’Égalité nous oblige à les rappeler de nouveau à cette vertu si nécessaire parmi nous. »

Cependant Mazzini était mort le 10 mars ; et quelques jours après (17 mars) avait lieu à Bologne un Congrès de délégués de ce Fascio operaio fondé depuis un peu plus de trois mois pour combattre les associations mazziniennes. Les organisateurs de ce Congrès, peu au courant de ce qui se passait dans l’Internationale, commirent une singulière erreur, que Marx ne manqua pas d’exploiter contre nous. À l’ordre du jour du Congrès avait été placée cette question : « Dans l’intérêt général et pour assurer la pleine autonomie du Fascio operaio, celui-ci doit-il reconnaître et s’assujettir à la direction du Comité général de Londres ou de celui du Jura bernois, ou doit-il en rester indépendant, tout en maintenant des relations avec ces Comités, dans l’intérêt et pour le meilleur développement de l’Association ? » À cette question étrange, le Congrès de Bologne fit cette réponse : « Le Congrès ne reconnaît dans le Comité général de Londres et dans celui du Jura bernois que de simples offices de correspondance et de statistique ; il charge le Consulat de la région de Bologne de se mettre en relations avec eux et d’en référer à chaque Section ».

Dans le no 4 de notre Bulletin, nous remîmes les choses au point en donnant à « nos amis du Fascio operaio » l’explication suivante :


Le Fascio operaio a cru, à ce qu’il semble, que le Comité fédéral jurassien se posait en rival du Conseil général de Londres, et qu’il y avait à choisir entre Londres et Sonvillier.

Rien de semblable n’a jamais existé. Le Comité fédéral jurassien est un simple Comité régional, qui ne représente rien que les Sections jurassiennes.

Le Conseil général de Londres, par contre,... est le représentant officiel de l’Association internationale tout entière.

Le Comité fédéral jurassien n’est donc pas un rival du Conseil général de Londres ; il ne prétend absolument à aucune direction dans les affaires de l’Internationale. La Fédération jurassienne s’est