Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/645

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fédéral de cette fédération. Vous savez bien que vous mentez, et que jamais la Alianza n’a reçu d’ordres de personne. Si vous avez des preuves à fournir à l’appui de votre calomnie, montrez-les ; mais quelles preuves pourriez-vous montrer, puisque vous savez parfaitement que vous dites des mensonges ; puisque vous savez, tout au contraire, que la Alianza a toujours discuté avec soin toutes ses résolutions, et que jamais rien qui fût d’intérêt général n’a été mis en pratique sans que tous les groupes de la Alianza se fussent consultés mutuellement et que la proposition eût obtenu l’assentiment de la majorité ; ce que nous pouvons prouver en faisant lire les correspondances qui s’échangeaient entre les groupes. Et sachant tout cela, comme vous le savez, peut-on voir une conduite plus infâme que la vôtre, imposteurs, qui osez dire que la Alianza ne faisait que recevoir des ordres et les exécuter !

Certainement la Alianza a influé sur la marche de l’Internationale en Espagne, mais non pas de la manière que ses dénonciateurs l’ont voulu faire croire. La Alianza a influé non par des intrigues et des artifices, mais par la vérité et le radicalisme des solutions que ses membres ont proposées à leurs fédérations respectives. Ce sont eux qui ont fondé les premières et les plus importantes fédérations locales ; ce sont eux qui ont été les plus persécutés dans les moments critiques ; c’est d’eux que sont venus les projets de l’organisation qui existe en Espagne ; ce sont eux enfin qui, chaque jour, ont fait partout la propagande de l’Internationale, faisant abstraction de leurs personnes, et s’inspirant seulement de leur attachement à l’émancipation des travailleurs. La Alianza, nous pouvons le dire hautement, n’a pas été autre chose qu’une sentinelle avancée de l’Internationale.


La manœuvre par laquelle la coterie marxiste avait cru paralyser l’Internationale espagnole dans son mouvement de revendication contre la main-mise autoritaire, avait misérablement échoué. La Fédération espagnole, conformément à la proposition de son Conseil fédéral, décida d’envoyer au Congrès de la Haye une délégation collective : et ses délégués, au nombre de quatre, désignés par le suffrage universel de tous les internationaux d’Espagne, furent quatre hommes qui s’étaient hautement glorifiés d’avoir fait partie de la Alianza : Rafaël Farga-Pellicer, Alerini, Morago et Marselau.


Un événement important accrut les forces du parti fédéraliste dans l’Internationale. Jusqu’à ce moment, les Sections italiennes, sauf dans la Romagne, étaient restées isolées les unes des autres. Mais, sur l’initiative de nos amis, Pezza, Fanelli, Cafiero, Malatesta, Cerretti, Costa, etc., elles résolurent de s’unir en une Fédération régionale. Le 4 août s’assemblèrent à Rimini, en une Conférence, les délégués des Sections de vingt localités d’Italie[1], et ces délégués constituèrent la Fédération italienne. Sans avoir consulté l’opinion des autres Fédérations, et allant de l’avant tout seuls, les Italiens, dans leur fougue, déclarèrent qu’ils ne voulaient plus rien avoir de commun avec un Conseil général qui, à leur yeux, ne représentait plus l’Internationale, et qu’ils n’enverraient pas de délégués à la Haye ; et ils prirent l’initiative de proposer aux Sections qui partageraient leurs

  1. Ces localités étaient Naples, Sciacca (Sicile). Mantone, Sienne, Ravenne, Bologne, Florence, Rimini, Imola, Rome, Fusignano, San Polito, Mirandola, San Govanni in Persiceto, Fano, Fermo, Sinigaglia, San Arcangelo, Forti, et la province d’Ombrie. Les Sections de Milan et de Ferrare, qui n’avaient pas pu envoyer de délégués à Rimini, s’empressèrent d’adhérer aux résolutions de la Conférence et d’entrer dans la Fédération italienne.