Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/644

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nous empêchent de satisfaire à cette exigence et auraient dû vous empêcher de nous adresser une semblable demande. La première est une raison de dignité : vous réclamez de nous ni plus ni moins que le service qu’un chef d’État demanderait à son département de police. En outre, nous ne possédons pas les renseignements que vous nous demandez, par la simple raison que notre Conseil n’est pas obligé de connaître le nombre et les noms de tous ceux qui, appartenant à notre Association, font en même temps partie d’autres sociétés, ni les fonctions qu’ils remplissent dans la nôtre, fonctions qui, s’ils en sont revêtus, sont le résultat de la confiance qu’ils ont méritée[1].


Tous les membres de la Alianza n’avaient pas été dénoncés par la Emancipacion dans ce numéro de triste mémoire. Ceux dont les noms n’avaient pas été publiés tinrent à honneur de partager le péril de leurs amis, désignés par la dénonciation à la vindicte du gouvernement, et déclarèrent publiquement leur qualité d’anciens membres de la Alianza. Le programme et le règlement de cette société secrète, dissoute depuis le Congrès de Saragosse, furent publiés dans les journaux socialistes espagnols, et ceux qui lui avaient appartenu demandèrent aux diverses fédérations locales de juger leur conduite. Toutes les fédérations au sein desquelles la société secrète avait existé déclarèrent, après une enquête approfondie, que les membres de la Alianza avaient bien mérité de l’Internationale[2].

Un peu plus tard, les anciens aliancistas publièrent, sous le titre de Cuestion de la Alianza, un résumé de ce qui s’était passé, avec des documents authentiques à l’appui. Ils revendiquèrent hautement la responsabilité de leurs actes, déclarant qu’ils se faisaient honneur d’avoir toujours travaillé, dans la mesure de leurs forces, au bien de l’Internationale ; et ils établirent de la manière la plus irréfutable cette vérité, que la Alianza était une organisation indépendante, qui n’avait jamais reçu d’ordre de personne, et dont l’action ne s’était exercée que dans la péninsule. S’adressant aux rédacteurs de la Emancipacion, ils leur disent :


Vous parlez des actes de la Alianza en Suisse, en Italie, en Angleterre et dans d’autres pays : présentez-nous donc des preuves, et non de ridicules inventions. Vous savez très bien que la Alianza, société secrète[3], fut fondée en Espagne sans nulle intervention du dehors, que c’est en Espagne que furent faits son programme et son règlement ; vous savez que cette société n’avait d’autres Sections que celles d’Espagne et celle de Lisbonne, et que son action était circonscrite à ce cercle, quelque désir que nous ayons pu avoir de l’étendre davantage. Vous savez parfaitement que s’il a existé dans d’autres pays des sociétés analogues, — ce que nous ignorons, — elles n’ont jamais eu aucun rapport avec nous.

Vous avez osé prétendre que la Alianza recevait des ordres d’un centre, que vous dites placé en Suisse, et, pour rendre odieuse la Fédération jurassienne, vous avez dit que ce centre était le Comité

  1. Le Conseil fédéral espagnol fit publier dans la Federacion de Barcelone le texte intégral de la lettre d’Engels et de sa réponse. Ces deux pièces ont été reproduites dans le n° 15-16 (15 août-1er septembre 1872) de notre Bulletin, pages 7-8.
  2. Les déclarations des Fédérations de Madrid, de Palma (Majorque), de Villa-Carlos (Minorque), de Cordoue, entre autres, ont été publiées.
  3. Ne pas confondre cette société avec l’Alliance de la démocratie socialiste, Section publique de Genève, qui avait des membres en divers pays : la Alianza que nous avons fondée en Espagne n’avait de commun avec elle que la conformité des idées. (Note de la Cuestion de la Alianza.)