Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

activité pour empêcher une guerre de peuple à peuple, qui aujourd'hui ne pourrait être considérée que comme une guerre civile, parce que faite entre producteurs, elle ne serait qu'une lutte entre frères et citoyens.

Le Congrès recommande surtout aux travailleurs de cesser tout travail dans le cas où une guerre viendrait à éclater dans leurs pays respectifs.

Le Congrès compte assez sur l'esprit de solidarité qui anime les travailleurs de tous les pays pour espérer que leur appui ne fera pas défaut à cette guerre des peuples contre la guerre.


Les autres questions qui furent discutées au Congrès de Bruxelles sont les suivantes, au nombre de six :

Des grèves, de la fédération entre les sociétés de résistance et de la création de conseils d'arbitrage chargés de statuer sur l'opportunité et la légitimité des grèves éventuelles. — Les débats montrèrent clairement que le Congrès n'entendait en aucune façon l’arbitrage dans le sens que les partisans de la « paix sociale » ont donné aujourd'hui à ce mot. Le Congrès repoussa énergiquement l'idée d'une organisation de l'arbitrage qui aboutirait à soumettre les différends à un tribunal « constitué moitié de personnes appartenant à la bourgeoisie ou classe exploitante, moitié d'ouvriers ou exploités » ; une semblable organisation ne serait qu'une duperie, et assurerait aux patrons tous les avantages : « un conseil d'arbitrage constitué de la sorte serait le pendant de ce que l'on nomme les Conseils de prudhommes, et l'on sait comment s'y rendent les jugements ». Le Conseil d'arbitrage dont l'Internationale reconnaissait l'utilité devait être composé exclusivement de représentants des sociétés de résistance, et sa mission devait consister à examiner si, dans tel cas donné, au point de vue de l'intérêt ouvrier, il y avait nécessité et opportunité à déclarer la grève. La résolution votée dit :


Le Congrès déclare que la grève n'est pas un moyen d'affranchir complètement le travailleur, mais qu'elle est souvent une nécessité dans la situation actuelle de lutte entre le travail et le capital ;

Qu'il y a lieu de soumettre la grève à certaines règles, à des conditions d'organisation, d'opportunité et de légitimité ;

Qu'au point de vue de l'organisation de la grève, il y a lieu, dans les professions qui n'ont pas encore de sociétés de résistance..., de créer de ces institutions, puis de solidariser entre elles les sociétés de résistance de toutes les professions et de tous les pays... : qu'en un mot il faut continuer dans ce sens l'œuvre entreprise par l'Internationale et s'efforcer de faire entrer le prolétariat en masse dans cette Association ;

Qu'au point de vue de l'opportunité et de la légitimité, il y a lieu de nommer dans la fédération des groupes de résistance de chaque localité une commission formée de délégués de ces divers groupes, qui constituerait un Conseil d'arbitrage, pour juger de l'opportunité et de la légitimité des grèves éventuelles ; du reste, qu'il est nécessaire de laisser, pour le mode de formation de ce Conseil d'arbitrage, une certaine latitude aux différentes Sections, suivant les mœurs, les habitudes et les législations particulières.


De l'instruction intégrale. — Le Congrès entendit plusieurs rapports, et vola ensuite une résolution qui disait :


Reconnaissant qu'il est pour le moment impossible d'organiser un enseignement rationnel.