Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/86

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Le Congrès invite les différentes Sections à établir des cours publics suivant un programme d'enseignement scientifique, professionnel et productif, c'est-à-dire enseignement intégral, pour remédier autant que possible à l'insuffisance de l'instruction que les ouvriers reçoivent actuellement. Il est bien entendu que la réduction des heures de travail est considérée comme une condition préalable indispensable.


Du crédit mutuel entre travailleurs. — La Section bruxelloise avait élaboré un projet de statuts d'une Banque d'échange, sous le nom de Société commerciale du crédit au prix de revient. Le Congrès vota la résolution suivante :


Le Congrès conclut à la fondation de Banques d'échanges basés sur le prix de revient, ayant pour but de rendre le crédit démocratique et égalitaire, et de simplifier les rapports du producteur et du consommateur, c'est-à-dire de soustraire le travail à la domination du capital, et de faire rentrer celui-ci dans son rôle naturel et légitime, qui est celui d'agent du travail.

... Le Congrès, tout en maintenant l'affirmation théorique du crédit réciproque, demande que le projet de statuts présenté par la Section bruxelloise soit envoyé à toutes les Sections pour y être l'objet d'une discussion approfondie, et pour que le Congrès prochain puisse prendre une décision à cet égard.


De la réduction des heures de travail. — La résolution suivante fut votée :


Une résolution ayant été prise unanimement par le Congrès de Genève : que la diminution légale des heures de travail est une condition préliminaire, indispensable pour toutes les améliorations sociales ultérieures, le Congrès est d'avis que l'époque est arrivée de donner un effet pratique à cette résolution, et qu'il est du devoir de toutes les Sections, dans tous les pays, d'agiter cette question partout où l'Association internationale des travailleurs est établie.


De la coopération. — Le rapport présenté par la commission signala le danger de la voie dans laquelle s'étaient engagées les associations coopératives, « ces sociétés de production et de consommation où des ouvriers, tout en protestant contre les étranglements du capital, s'efforcèrent de s'en créer un à leur tour et de percevoir des bénéfices. Constitution en leurs mains d'un capital, perception de dividendes sur les consommateurs, sentiments conservateurs et appétits de jouissances, constitution de rentes, voilà les pensées et les désirs que développèrent une telle conception des sociétés, légitimant ainsi toutes les accusations que les travailleurs jettent journellement sur les détenteurs de capitaux. De telles pratiques en arrivent bien vite à créer une quatrième classe bourgeoise et immobiliste. » Pour éviter un semblable résultat, la commission proposa au Congrès, qui la vota, une résolution indiquant la règle de conduite que devait suivre toute association coopérative constituée selon les principes de l'Internationale, « qui n'ont d'autre but que d'arracher des mains des capitalistes les instruments de la production et de les remettre en celles de ses légitimes propriétaires, les travailleurs eux-mêmes ». Voici cette résolution :


Toute société basée sur les principes démocratiques repousse tout prélèvement au nom du capital, sous quelque forme qu'il se présente : rente, intérêt, bénéfice, et laisse ainsi au travail tout son droit, toute sa juste rémunération.