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demander à Séhoul l’ouverture des deux ports de Ghentsantsou et de Djin-sen, conformément à l’article 4 du traité de Koka. La première de ces deux places, située sur la côte est de la Corée, dans la province de Hangingto, fut ouverte aux sujets du Mikado en juin 1880. Au moment où j’étais en Corée, plusieurs maisons de commerce de Yokohama y avaient déjà établi des succursales, et l’une d’elles avait même entrepris la construction de vastes bâtiments qui donnent maintenant abri à une exposition permanente des produits de l’industrie japonaise, destinée à faire connaître, aux sauvages coréens, les nombreuses merveilles de la civilisation que leurs philanthropiques alliés mettent gracieusement à leur disposition moyennant payement.

La récente ouverture de Ghentsantsou ne permet pas encore d’apprécier l’influence que pourra exercer ce nouveau marché sur le développement des relations commerciales entre la Corée et le Japon ; seulement, des rapports publiés par le Gouvernement Japonais font supposer que les environs de cette place produisent de grandes quantités de riz, et que l’élevage, des vers à soie n’y est pas complètement inconnu.

Quant à Djin-sen, situé sur la côte ouest de la presqu’île, à peu de distance de Séhoul, la capitale du royaume, le gouvernement coréen s’est refusé à ouvrir, pour le moment du moins, ce port aux trafiquants japonais. Les raisons mises en avant par la cour de Séhoul, pour ajourner l’exécution définitive et complète du traité de Koka, furent les difficultés que lui avait déjà causées l’ouverture des deux ports de Fou-sang et de Ghentsantsou, — difficultés qui seraient, dit-elle, bien augmentées à Djin-sen, par le voisinage de la capitale qui est, ainsi que de récents événements l’ont montré, le principal centre de l’agitation contre les étrangers et en faveur de la fermeture complète du pays à ces derniers. Comme de raison, les Japonais ont protesté contre cette décision ; mais le gouvernement coréen s’est alors décidé à leur envoyer une ambassade, chargée spécialement de traiter avec eux l’importante question du port de Djin-sen et d’obtenir d’eux : 1o l’interdiction de l’exportation des denrées alimentaires par les ports de la Corée, 2o la revision des tarifs douaniers. L’envoi de cette ambassade semblait, tout d’abord, devoir amener un rapprochement entre les deux gouvernements ; malheureusement ces espérances furent déçues, et la haine entre Japonais et Coréens fut grandissante de jour en jour jus-