Page:Jametel - La Corée avant les traités, souvenirs de voyages.djvu/29

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armes fut successivement favorable aux deux partis, une convention intervint entre les belligérants. En vertu de cet arrangement la cour de Pékin reconnut Sivogi comme roi du Japon, mais à la condition que ce dernier fît évacuer la Corée par ses troupes, et renonçât à s’occuper des affaires de ce pays. Cependant ce traité ne fut pas, du côté des Japonais, exécuté très fidèlement ; ceux-ci laissèrent une garnison dans le poste fortifié de Fou-sang, sur l’emplacement duquel a été établi, de nos jours, la concession étrangère. Le Mikado avait conduit, du reste, cette expédition avec beaucoup de mollesse ; ses contingents étaient composés en grande partie de chrétiens, qui commençaient alors à devenir assez nombreux parmi ses sujets, et leur envoi en Corée ne fut, dit-on, qu’un prétexte pour se débarrasser d’eux, sans avoir à redouter des rébellions.

Pendant les trois siècles qui suivirent cette infructueuse incursion des Japonais chez leurs voisins, les relations des deux pays ne présentèrent rien de remarquable. La Corée avait enfin reconnu, plus que nominalement, la souveraineté de l’Empire du Milieu, et lui payait régulièrement un tribut comme gage de sa soumission. À l’égard du Japon, son obéissance était moins passive ; les envois d’ambassadeurs étaient tout à fait laissés à l’initiative des souverains de Séhoul, qui abusaient parfois de la latitude qui leur était donnée. Aussi, lorsqu’on septembre 1875, un navire de guerre japonais, qui s’était approché un peu trop près du sol fermé de la Corée, fut salué d’une volée de coups de canons, chargés autrement qu’à poudre, par une batterie coréenne, le Mikado envoya aussitôt, sur les côtes de Corée, une escadre destinée à établir des relations régulièrement avec ce pays, à tout prix, même par la violence. Les Coréens, pris au dépourvu, n’eurent même pas le temps de demander conseil et protection à Pékin, et ils conclurent avec leur ancien allié un traité qui ouvrait au commerce japonais trois ports de la Corée. Seulement, les Japonais, pendant les trois cents ans qui s’étaient écoulés, entre la deuxième et la troisième expédition qu’ils avaient envoyées dans ce pays, avaient oublié leurs voisins à tel point qu’ils jugèrent prudent de ne nommer, dans ce traité, que le port de Fou-sang, se réservant de fixer ultérieurement les deux autres ports à ouvrir, lorsque la connaissance du pays leur permettrait de choisir les points les plus favorables à l’établissement de marchés internationaux. Ce ne fut que trois ans après que la cour de Tokio, se croyant enfin suffisamment éclairée sur cette question, se décida à