Page:Jametel - La Corée avant les traités, souvenirs de voyages.djvu/33

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et les représentants du Mikado, afin d’obtenir d’eux un arrangement qui permettrait aux troupes japonaises de reprendre, au plus vite, le chemin de leur pays.

C’est seulement après l’habile enquête que fit Ma-Kien-tchong à Séhoul même, que l’on put connaître la signification exacte des événements dont cette ville avait été le théâtre, en juillet 1882. On apprit alors que le mouvement n’avait point été dirigé seulement contre les étrangers, mais aussi contre le roi qui avait eu grand peine à échapper aux insurgés, commandés par un de ses oncles qui, faute de mieux, avait mis à mort la reine. La situation était donc plus mauvaise qu’on ne l’avait cru tout d’abord, puisque l’on se trouvait en présence d’un souverain impuissant à se faire respecter par son propre peuple, et d’une armée ennemie toute prête à profiter de sa faiblesse. Cependant, grâce à l’habileté dont fit preuve le délégué Chinois, Japonais et Coréens finirent par s’entendre ; la cour de Séhoul s’engagea à payer au Mikado une indemnité de 2,500 000 francs et une autre de 250,000 francs aux familles des victimes du massacre ; et entretenir à ses frais une garde japonaise pour garder le représentant du Japon en Corée, pendant aussi longtemps que ce dernier jugerait cette précaution utile à sa sécurité. En outre, il fut convenu que les deux gouvernements procéderaient à une revision des règlements commerciaux établis entre leur pays. Grâce à ces concessions, la Chine obtint du Mikado l’évacuation du territoire de la Corée par ses troupes.

Le commandore américain Shuffieldt, que l’insuccès de sa tentative de 1880 n’avait point découragé, crut voir, dans les événements qui suivirent les massacres de juillet, une excellente occasion de tenter un nouvel effort pour faire ouvrir la Corée à ses compatriotes. Il se présenta cette fois sur les côtes de ce pays avec l’appui de quatre canonnières chinoises, et obtint du gouvernement coréen, grâce aux bons offices du cabinet de Pékin, un traité fort mal rédigé, quoiqu’un écrivain français ait cru devoir annoncer en mars 1884 « qu’il servirait de base aux traités des autres puissances avec ce pays », assertion dont les événements s’étaient déjà chargés du reste de démontrer le peu de valeur, puisque, deux mois après l’arrangement coréo-américain, l’Angleterre concluait avec Séhoul un traité absolument différent de ce dernier. Quoi qu’il en soit, les États-Unis d’Amérique obtinrent l’ouverture, à leurs nationaux, des trois ports déjà ouverts aux Japonais, de Fou-sang, Jensang et