Page:Jametel - La Corée avant les traités, souvenirs de voyages.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que de la veille d’un isolement de plusieurs siècles de durée.

Dans le traité qui fut conclu le 22 novembre 1883 entre l’Angleterre et la Corée, la clause concernant la suzeraineté de la Chine sur ce dernier pays, qui avait été intercalée dans le traité américain et dans la première convention anglaise, brille cette fois par son absence. Le représentant de l’Angleterre, aidé par une expérience acquise pendant un séjour de plus de vingt-cinq ans dans l’Asie orientale, a pensé que les questions de suzeraineté et de vassalité dans l’extrême-Orient risqueraient fort de devenir des causes de complication sans fin, si les étrangers s’en mêlaient d’une façon quelconque, et que le mieux était de laisser aux états directement intéressés le soin de les résoudre comme il leur plairait. Il avait été aussi stipulé, dans le traité américain, que les citoyens des États-Unis, établis en Corée, seraient placés sous la juridiction de leurs consuls, seulement jusqu’au jour où l’état de la législation coréenne rendrait cette loi d’exception inutile. Comme, en général, les traités peuvent être revisés tous les dix ans, le négociateur anglais a pensé que cette clause n’avait point de raison d’être, puisqu’il n’était guère à supposer, ni même à souhaiter, qu’un pays qui ignorait hier encore le nom même des Européens arrivât à subir, en une aussi courte période de temps, une transformation si radicale que sa législation devînt semblable à celles de l’Occident. Cependant toutes ces modifications sont de peu d’importance dans le traité coréo-anglais, et là où Sir Harry Parkes a remporté sa plus belle victoire, c’est lorsqu’il s’est agi de fixer la base de ces fameux tarifs des droits de douane, dont la rédaction fort peu libérale avait causé le rejet de la première convention. Grâce à lui, les commerçants anglais ont obtenu de pouvoir importer leurs produits en Corée par le payement d’un droit ad valorem, dont le maximum est de 20 p. 100 et le minimum de 5 p. 100.

Le seul point sur lequel le représentant du gouvernement anglais n’a pu obtenir aucune concession, c’est au sujet de l’opium dont les Coréens ne veulent point entendre parler. Sir Harry Parkes a fort bien fait, à mon avis, de ne point insister afin de leur arracher le droit de leur vendre ce poison. Reste maintenant à savoir si les sujets du roi de Séhoul trouveront les Chinois aussi respectueux que les Anglais de leur tranquillité domestique. Depuis dix ans, l’Empire du Milieu se couvre d’immenses champs de pavots destinés à calmer un peu les tracas de l’existence de ses habitants, et