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et, sans le voisinage du bois de sapin qui les domine, on pourrait se croire transporté dans quelque coin paisible de la ville de Tien-tsin. Ces bâtiments, nous dit notre guide, remontent au temps du premier établissement japonais à Fou-sang, et servent aujourd’hui de domicile à la municipalité japonaise.

Nous continuons notre route par un chemin raboteux qui laisse cependant deviner de temps à autre qu’il deviendra, dans la suite, une des plus belles rues de la concession ; mais, à l’heure qu’il est, il n’est bordé que par des champs incultes où nous voyons des ouvriers coréens occupés à extraire de la terre argileuse pour la fabrication des briques. Après dix minutes de marche, nous arrivons dans le quartier habité ; de petites maisons à un seul étage, construites dans le style japonais, remplacent les champs ; on voit, çà et là, des chantiers de construction qui indiquent que la petite colonie est en voie d’accroissement, et au milieu d’un enclos s’élève un grand bâtiment, plus solide et mieux aménagé que ceux qui l’entourent, qui sert d’hôpital. Le service médical de cet hôpital est fait par deux médecins japonais, instruits d’après les méthodes de l’Occident, dont la principale occupation est de donner des consultations aux malades qui se présentent, sans distinction de nationalité. En dehors de ce service, l’hôpital reçoit fort peu de personnes à demeure ; les Japonais, ainsi que les Coréens, préfèrent se faire soigner chez eux. Quant au tarif des consultations, il est établi sur une base assez curieuse ; les malades payent 75 centimes lorsqu’il s’agit d’une affection interne, et 50 centimes seulement pour une affection externe. Il nous a été impossible d’obtenir des éclaircissements sur la méthode employée par les médecins japonais pour classer les maladies en internes ou en externes, ni de savoir dans laquelle de ces deux classes ils plaçaient la petite vérole.

« Dans le commencement, nous dit M. Maouaï, les Coréens n’avaient guère confiance dans nos médecins ; mais leurs préjugés ont disparu, petit à petit, devant les succès obtenus ; et aujourd’hui, ils consultent volontiers les docteurs de l’hôpital, dont la réputation s’est répandue dans les environs. L’année dernière, plusieurs charlatans indigènes sont même venus de Séhoul, la capitale, à Fou-sang pour y apprendre la pratique de la vaccination. En rentrant chez eux, ils ont vacciné un grand nombre de personnes, et ils sont revenus depuis lors, à plusieurs reprises, demander du vaccin à