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l’hôpital, qui n’a pas voulu le leur refuser, dans l’intérêt de la civilisation. Aussi, à l’heure qu’il est, nos médecins ont-ils été obligés de faire venir du vaccin de l’Académie de médecine de Tokio. »

Près de l’hôpital se trouve une école japonaise pour les enfants des habitants de la concession. Elle a été créée à l’aide d’une souscription organisée par ces derniers. Ceci nous montre combien les Japonais ont compris tous les bienfaits de l’instruction. Il est bien rare de rencontrer au Japon un homme, quelle que soit sa situation dans la société, qui ne sache au moins lire couramment, et même au besoin écrire, tant bien que mal, les mots les plus usuels. Il faut avouer, à la honte de notre civilisation, qu’on ne pourrait en dire autant des peuples de l’Europe et de l’Amérique ; et il est bon nombre de bourgs de l’Occident, bien plus populeux que la petite concession japonaise de Fou-sang[1], qui ne songeraient guère à entretenir une école de leurs propres deniers, si l’état tout puissant ne se chargeait de ce soin.

Il existe aussi une école supérieure, établie par le gouvernement japonais, où l’on n’enseigne que la langue coréenne à des jeunes gens qui sont envoyés de Tokio par les ministères. Nous quittons la concession à cinq heures du soir, après avoir été chercher au Consulat nos passeports, car nous devons partir le lendemain de très bonne heure pour aller visiter la ville de Fou-sang.

La promenade à Fou-sang n’offrit rien de remarquable, au point de vue indigène. La route, qui conduit de la concession à cette ville, est celle que nous avions remarquée lors de notre arrivée, et qui côtoie, pendant la plus grande partie de son parcours, le bord de la baie. C’est à cette situation exceptionnelle sur un terrain plat que cette route doit d’être très praticable pour les piétons, on pourrait même dire pour les voitures si sa largeur leur en permettait l’usage. Quant à la ville, que nous nous étions promis de visiter, il nous fut impossible de la découvrir par la raison bien simple que Fou-sang est le nom d’une forteresse construite par les Coréens, sur les bords de la baie de ce nom, pour les protéger contre les incursions des étrangers. Seul, un pauvre hameau, composé de quelques maisons, dort, au pied du château-fort. Il nous

  1. La concession comptait, nous a-t-on dit, 2000 habitants japonais en 1880.