L’âme du poète descend sur la Terre.
Lui, c’est nous. Nous sommes nus et sans feuilles.
Comme lui nous vivons pauvres dans les bourbiers,
maigres et nous pliant parce que nous sommes faibles.
Et l’on ne peut saisir ce qui se passe en nous,
ainsi qu’on ne le peut dans l’âme du poète.
Le chien d’arrêt croit trouver quelque chose toujours
en nous, mais n’y trouve souvent que de la terre.
L’âme du poète descend sur la Terre.
Elle, c’est nous. Nous avons l’air méchantes, mais
nous abritons des fleurs, des oiseaux et des lièvres…
Et quand nous arrachons, aux agneaux, du duvet,
c’est pour les nids où les oiseaux nus auraient froid,
et nous avons aussi pour eux de bonnes mûres ;
mais l’homme qui veut tout pour soi
nous écarte à coups de couteau, à coups de chaussure.
L’âme du poète descend sur la Terre.
Lui, c’est moi. Il y eut, peut-être, des amoureux