Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/139

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tique, incapable que je suis de multiplier deux fractions.

Je laissai mon sac, ma gourde et mon bâton à l’écurie et je suivis, sur sa demande, le patron. Je franchis le seuil de la cuisine, la tête haute, mon chapeau melon à la main, et prononçant :

— Je vous présente mes civilités, mesdames et monsieur.

C’étaient, les dames, la femme et la bonne de l’aubergiste ; et, le monsieur, une sorte de cancre hirsute qui, assis au bout de la longue table parfumée d’ail, boudait sur un cahier. Son père affirma :

— On donne au jour d’aujourd’hui des devoirs trop difficiles aux enfants de l’âge de Sylvain. De mon temps…

Il me tendit le cahier de son fils. Sur la couverture était peint un loriot dont le bec avait été surchargé d’une pipe dessinée à la plume. Quelle envie de rire me saisit à l’idée que je devenais le répétiteur de ce gamin auquel sa mère, qui embrochait un poulet, intima :

— Offre une chaise à monsieur !

Je m’assis et lus dans le cahier ceci :