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Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/191

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yeux, ébloui. On les rouvre et les colonnes des Quinconces hésitent dans le ciel palpitant. Les voici toutes roses. Leurs phares frappés aux vitres par la lumière du jour semblent s’être rallumés. On descend du bateau-mouche sur le quai. Un navire de l’Amérique du Sud beugle comme un taureau sauvage. Voici des couturières, des employés de commerce, des débardeurs, un pensionnat. Voici un homme qui a une figure d’Indien. Descend-il du courrier de Haïti où sa mère naquit ? Il marche seul, c’est Lacoste.


III

les jardins


Il marche seul, dis-je, sans d’autre souci que le souci de sa probité, probité qui consiste à ne pas répondre par un mensonge à l’implacable vérité de la création. Il croit que les choses existent, que ce tramway où il monte existe. Et quand il en redescend, il est tout heureux de frapper à la porte de ses chers parents, de retrouver dans un petit jardin frais